Dans la campagne vallonnée de l'intérieur de la péninsule d'Istrie, en Croatie, se trouve une petite ville côtière endormie appelée Kringa. Dans les temps modernes, elle est connue pour sa beauté pittoresque et ses maisons en pierre traditionnelles, un lieu d'une autre époque, qui a été figé dans le temps et qui est chargé d'histoire.
Pourtant, cet endroit était jadis assiégé par une terreur surnaturelle à la nuit tombée, à une époque où l'on pensait que les vampires traquaient dans les bois sombres et que les morts-vivants étaient bien réels. Ici nous pouvons trouver l'histoire de ce qui est considéré comme étant l'un des plus anciens comptes européens connus d'une personne qui s’est transformée en vampire et qui a tenu le village entier sous l'emprise de la terreur.
Au 17ème siècle, les habitants de cette pittoresque campagne craignaient plutôt des entités sombres et terrifiantes connues sous le nom de strigoi, štrigon ou štrigun. Il s’agissait de sorcier ou de sorcière réputé pour se nourrir du sang humain, à la nuit tombée. À la mort de l'un de ces strigoï, on pensait qu'ils poursuivaient leurs méfaits sous la forme de morts-vivants et continuaient à sucer le sang de leurs victimes. On savait également qu'ils frappaient à la porte des maisons pour annoncer le décès d'un membre de la famille. Les stigoi étaient particulièrement friands du sang des veuves et avaient l’habitude déconcertante de se glisser dans le lit des gens la nuit, en particulier ceux de jeunes femmes magnifiques. Loin des histoires fantasmagoriques, il s'agissait de créatures bien réelles pour les villageois effrayés de la région, et la légende semble provenir du petit village de Kringa.
C’est là que vivait au début des années 1600 un homme nommé Jure Grando Alilović, également connu sous le nom de Giure Grando, né en 1579. On ne sait pas grand-chose de la vie de Jure Grando et il semble que son héritage réside principalement dans sa mort. En 1656, Grando mourut d’une mystérieuse maladie et aurait été enterré dans le cimetière de la ville, mais il semble qu’il n’y soit pas resté. Les gens ont commencé à parler d'un mystérieux inconnu qui frappait à leurs portes la nuit. Il a également été rapporté que Grando avait été aperçu en train de disparaître dans les ténèbres, alors qu'il était supposé être mort. De manière effrayante, chaque fois que cette silhouette sombre frappait à une porte, quelqu'un dans la maison finissait par tomber malade et mourait. L’un des récits les plus effrayants est celui où Grando s’était rendu à plusieurs reprises de nuit dans la chambre de sa veuve pour la tourmenter, la torturer et la violer.
Ce fantôme insidieux a terrorisé ce village tranquille pendant seize ans et le curé du village, le Père Giorgio, était devenu convaincu qu'il s'agissait d'une créature surnaturelle appelée le štrigon, et que Grando était encore plus ou moins en vie. Fatigués de vivre dans la peur, les villageois ont finalement eu le courage de mettre sur pied un détachement constitué de plusieurs hommes pour traquer le štrigon. Ils aiguisèrent des bâtons d'aubépine pour en faire des lances dans le but de le tuer. En 1672, ils se rendirent dans la sombre nature sauvage pour aller chercher Grando. Ils se rendirent au cimetière où il aurait été enterré pour le confronter une fois pour toutes. Ils n'ont pas eu à chercher longtemps, puisque le visage épouvantable de Grando s'épanouissait dans la nuit. Son visage était maigre, pâle et il semblait sourire et s’étouffer à la fois. Les hommes faillirent fuir face à ce puissant fléau surnaturel, mais ils réussirent néanmoins à tenir tête à la grande silhouette sombre de Grando, qui marchait sans peur vers eux à travers la lumière vacillante de leurs flambeaux.
Selon ce récit historique, les hommes se déchaînèrent avec leur lance contre cette créature mais finirent pas constater qu’aucune de ces armes ne pénétrerait dans la chair de Grando. Elles se contentaient de rebondir sur lui comme s'il était fait de roche. Ils étaient terrorisée. Le lendemain, le père Giorgio essaya une tactique différente en choisissant d'emmener son groupe courageux au cimetière pendant la journée pour voir s'ils pourraient stopper les agissements de Grando en le déterrant de sa tombe à la lumière du soleil. Quand la tombe fut découverte, ils trouvèrent bien son cadavre, parfaitement préservé et souriant, et le père Giorgio brandit une croix devant lui et proclama : « Écoute, štrigon, Jésus-Christ nous a sauvés de l’enfer et est mort pour nous. Et toi, Trigon, tu ne pourra jamais trouver la paix ! »
Ils prirent ensuite leurs bâtons aiguisés et constatèrent que leurs armes ne pénétreraient toujours pas dans le corps de Grando. En désespoir de cause, un des hommes du village, un certain Stephen Milašić, a tranché le cou de la créature avec une scie et cela sembla fonctionner. En décapitant Grandon, il mit fin à ses agissements maléfiques. Dans certaines versions de l'histoire, le cadavre versa des larmes et la tombe se remplit mystérieusement de sang après la décapitation.
L’histoire du vampire Jure Grando deviendra légendaire, et fut racontée sous différentes formes dans les écrits de Johann Weichard Valvasor, Erasmus Francisci et Johann Joseph von Goerres. Elle constituera en grande partie la base de diverses histoires de vampires européens et dans le monde. Cela a définitivement façonné la tradition croate sur les strigoïs, Il est largement considéré comme étant l'un des premiers récits historiques européens d'une personne réelle se transformant en un véritable vampire. Dans les temps modernes, le village de Kringa a visiblement pleinement adhéré à cette distinction. En effet, les vampires sont devenus plus omniprésents, la ville organisant même des festivals consacrés aux vampires.
Le thème des vampires est devenu une manne touristique importante et l’une de leurs principales sources de revenus.
Que cela se soit réellement passé ou qu'il ne s'agit que de pure légende, l'histoire de l'infâme Jure Grando reste une curiosité historique intéressante et un élément clé de la tradition vampirique en général.
Sourcehttps://mysteriousuniverse.org/2019/07/the-bizarre-tale-of-a-vampire-in-croatia/, 17 juillet 2019
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