Dans les forêts reculées et presque impénétrables de l'île de Flores, dans l'est de l'Indonésie, vivent les Nage, un peuple autochtone qui a longtemps détenu cette terre. Comme beaucoup d'autres tribus indigènes, ils possèdent leur propre histoire et leurs riches traditions, ainsi que leurs légendes.
Parmi celles-ci, il y a une histoire concernant une race de créatures étranges habitant dans la jungle que ce peuple surnomme Ebu Gogo. Cet terme vient des mots « ebu », qui signifie « grand-mère », et « gogo », qui signifie grossièrement « celui qui mange n'importe quoi ». Ces créatures elles-mêmes sont des êtres humanoïdes poilus bipèdes et plutôt petites. Bien qu'ils soient fermement enracinés dans la tradition de ce peuple insulaire, il est également possible que les Ebu Gogo puissent exister en dehors du simple mythe, peut-être errant là-bas dans la nature sauvage.
Les Ebu Gogo, également connus sous d'autres noms régionaux tels que Ine Weu et Poti Wolo, sont décrits comme mesurant entre 4 et 5 pieds de haut en moyenne et présentant des traits résolument évocateurs. Leur corps est couvert de poils. Ils possèdent une bouche, un nez large et plat, des sourcils proéminents, ainsi que des bras proportionnellement très longs et un gros ventre rond. Dans la tradition, ces créatures sont décrites comme étant des coureurs et des grimpeurs très rapides et agiles. On dit qu'elles ont la capacité de parler entre elles dans leur propre langage rudimentaire, ainsi que d'imiter la parole humaine. Toutefois, elles ne maîtriseraient pas le feu et n’utiliseraient pas d’outils. Les Ebu Gogo ont traditionnellement une image plutôt négative. Ils sont perçus comme des gloutons voraces qui mangent n'importe quoi et pillent des villages pour voler de la nourriture ou même pour kidnapper des personnes pour les manger. On dit le plus souvent qu'ils sont plutôt vicieux, et désireux de chasser les gens de leur territoire.
En dépit de cette réputation peu recommandable, les Nage ont déclaré qu'ils avaient longtemps fait une trêve difficile avec les Ebu Gogo, échangeant parfois avec eux ou même organisant des fêtes ensemble. Seulement, ces créatures étaient devenues de plus en plus audacieuses et sournoises. Lorsque de nombreux enfants du village ont commencé à disparaître, les Ebu Gogo ont été blâmés et les Nage ont alors cherché à les exterminer. L’histoire la plus commune à ce sujet est qu’au 18ème siècle, les Nage ont incité les Ebu Gogo à accepter un cadeau contenant des vêtements confectionnés à partir de fibres de palmier hautement inflammables, que les créatures avides ont emportées avec empressement dans les cavernes où elles habitaient. Une fois que cela a été fait, les villageois ont lancé des torches sur ces créatures, ce qui a enflammé les fibres créant un immense incendie qui a anéanti la quasi-totalité des Ebu Gogo, les quelques survivants ayant été traqués et tués. Cependant, il y a toujours eu ces histoires que quelques-uns d'entre eux ont réussi à survivre dans les jungles les plus profondes de l'île jusqu’à nos jours.
Les Ebu Gogo ont souvent été aperçus au cours du 19ème siècle à la fois par les indigènes et les explorateurs et colons étrangers. Toutefois après cette observation moderne, le nombre de témoins a chuté de façon spectaculaire, bien que de rares récits soient apparus. L’un des témoignages les plus récents nous vient du chef Epiradus Dhoi Lewa de Boawae. Il affirme qu’un spécimen féminin aurait été capturé dans un village en 2004. Ses seins pendaient de manière étonnante, ce qui constitue une caractéristique notable des femmes Ebu Gogo.
Cette mystérieuse femme s'est finalement échappée et s'est enfuie dans la forêt. Il n'y a donc aucun moyen de savoir qui elle est ou ce qu'elle était vraiment.
Bien que les Ebu Gogo semblent purement légendaires, les récits et les observations ont acquis une certaine crédibilité en 2003, lorsque les restes d'une nouvelle espèce d’humanoïde particulièrement petite ont été découverts dans la grotte de Liang Bua sur l'île de Flores. L’espèce, appelée Homo floresiensis, se caractérise par son très petit corps, mesurant seulement 3 à 4 pieds de hauteur, ce qui lui a valu le surnom de « Hobbits ». On pense depuis longtemps que ces créatures ont vécu sur l’île entre -12 000 et -13 000 ans. Ils auraient non seulement pu vivre aux côtés de l'Homo sapiens, mais auraient même pu survivre jusqu'à nos jours sur cette île. Compte tenu de la taille de H. floresiensis et de sa ressemblance avec le mythe de l’Ebu Gogo, il a été suggéré qu’ils ne faisaient peut-être qu’un et, donc, que les Ebu Gogo étaient les descendants de l’Homme de Florès.
En effet, l’Homo floresiensis aurait pu vivre sur d’autres îles. Pour certains, cela expliquerait les observations de d’autres cryptides hominidés et poilues de la région, telles que l’Orang Pendek des montagnes de Sumatra ou l’Orang Kardil moins connu. Dans les deux cas, il s’agit d’êtres sauvages et miniatures qui peuvent utiliser des outils rudimentaires et des armes telles que des lances. Cependant, l'idée que l’Homo floresiensis soit à l'origine de ces observations et la mythologie des Ebu Gogo posent quelques problèmes. Les recherches récentes menées en 2016 ont établi que l’Homo floresiensis s’était éteint, non pas il y a 13 000 ans, mais il y a plus de 50 000 ans. Cela réduit à néant le fait qu’il ait pu survivre jusqu'à nos jours sans jamais être découverts. Bien que leurs apparences et les régions géographiques où ils vivent correspondent, les Hommes de Flores sont connus pour avoir utilisé le feu et des outils, contrairement aux Ebu Gogo. Pourtant, que les Ebu Gogo soient ou non apparenté à l’Homo floriensis, il semblerait qu'ils aient très bien pu être basés, du moins en partie, sur un animal réel. Gregory Forth, professeur d'anthropologie à l'université de l'Alberta, au Canada, a dit à ce sujet :
« Bien que beaucoup d'Ebu Gogo puissent rappeler l’Homo floresiensis (ou inversement), il est clair que le premier ressemble également à des personnages généralement considérés comme appartenant au mythe et à la fantaisie. (Un autre attribut fantastique de l’Ebu Gogo est leur propension réputée à avaler des choses entières, y compris des sacs de riz, des chiots et des porcelets.)… Certes, l'interprétation de l’Ebu Gogo comme reflétant directement les souvenirs locaux de l’Homo floresiensis pose problème. Cependant, quelle que soit les origines des représentation des Nage, l’Ebu Gogo semble vraiment différent des différentes catégories d’esprits que les Nage décrivent avec une crédulité égale - et dans cette mesure, je pense que la possibilité [qu’elles représentent un véritable animal] devrait être prise au sérieux. Comme indiqué, les Nage eux-mêmes distinguent les Ebu Gogo des ‘esprits’ (une catégorie générale désignée contextuellement par nitu) et le font explicitement en référence au manque de pouvoirs extraordinaires de la créature poilue - par exemple, la capacité de disparaître, de changer de forme, de se transformer en animaux, et ainsi de suite. »
Alors, quel est ou était le Ebu Gogo ? S'agit-il d'une sorte de primate non découvert, d'une tribu perdue ou d'une population restante de l'Homo Floresiensis, qui aurait disparu ? Est-ce des histoires transmises depuis des générations à une époque où leurs habitants vivaient à côté de ces créatures ? Ou est-ce que tout cela n'est que pur mythe et folklore ? Si tel est le cas, comment se fait-il que ces créatures aient été observées par des colons et des étrangers qui ignoraient tout de cette histoire ? Existe-t-il un lien entre l'Ebu Gogo et d'autres hominidés poilus des îles, tels que l'Orang Pendek ? Nous sommes loin d’avoir trouvé la réponse à ces questions et, pour l’instant, le petit peuple poilu des jungles de Flores reste un mystère …
Sourcehttps://mysteriousuniverse.org/2019/07/the-ebu-gogo-indonesias-mysterious-hairy-little-people/, 28 juillet 2019
0 commentaires: