lundi 21 février 2011

SETI attend toujours un signe !








Certains scientifiques doutent de l’existence d’une intelligence extraterrestre. De nouveaux instruments devraient donner un coup de fouet à la recherche.

Faut-il repenser le projet de recherche d’intelligence extraterrestre SETI et y apporter des améliorations ? Début février, des chercheurs et des physiciens se sont réunis en conférence à l’université d’Etat de l’Arizona (ASU), à Tempe, pour en débattre. L’histoire de ce programme a commencé en 1959, quand Philip Morrison et Giuseppe Cocconi, de l’université Cornell (Etat de New York), ont compris qu’il devait être possible de capter des signaux radio provenant de l’espace interstellaire. Depuis lors, les chercheurs du SETI analysent les données fournies par les radiotélescopes dans l’espoir de détecter des messages extraterrestres.
Mais nombreux sont ceux qui affirment qu’il ne suffit plus d’attendre un signal. Le SETI devrait aussi émettre, quels qu’en soient les risques. “La grande erreur du SETI, c’est de compter sur E.T. pour faire tout le boulot”, plaisante Richard Gott, astrophysicien à l’université de Princeton. Et si les extraterrestres avaient la même attitude que nous ? “On resterait là à tendre l’oreille, songe-t-il, alors que personne ne dit rien.” Certes, une réponse à nos messages mettrait des décennies à nous parvenir, mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer, à en croire Douglas Vakoch, du SETI Institute. “C’est une question d’éthique intergénérationnelle, fait-il valoir. Si nous vivions en 2058, qu’est-ce que nous aurions aimé que nos prédécesseurs aient fait ?”

Au dire de Charley Lineweaver, de l’Université nationale australienne (Canberra), il serait vaniteux de croire qu’une civilisation extraterrestre avancée aurait évolué jusqu’à devenir semblable à la nôtre. Si nous considérons notre type d’intelligence comme le sommet de l’évolution, c’est précisément parce qu’il constitue le propre de l’humanité. “Si nous étions des éléphants, commente-t-il, nous penserions que les animaux aux nez les plus longs sont l’aboutissement de l’évolution.” Beaucoup voudraient donc que le SETI élargisse le champ de ses recherches. Dans la pratique, cela signifierait occulter tout ce qui peut être expliqué par du bruit de fond ou des sources astrophysiques connues, comme les pulsars, et passer alors au crible tout ce qui reste afin de découvrir du nouveau. Au final, “soit vous avez trouvé un nouveau phénomène astrophysique, ce qui serait stupéfiant, explique Paul Shuch, du SETI Institute, soit vous avez un candidat à l’intelligence extraterrestre”. Mais élargir les recherches n’est pas une mince affaire. “Si vous vous lancez dans une chasse au trésor en Australie, la meilleure stratégie est de prendre une pelle et de fouiller tout le pays, mais, dans la pratique, c’est impossible”, souligne Seth Shostak, également du SETI Institute.
La plupart du temps, depuis la création de l’Institut, en 1984, ses chercheurs ont dû s’inviter dans des observatoires pour en utiliser les télescopes. Dans ces conditions, ils ont pu examiner à peine quelques milliers de systèmes stellaires en détail. Enfin, l’année dernière, la première des 42 paraboles qui vont constituer l’Allen Telescope Array est entrée en service. Cet observatoire sera entièrement consacré au programme SETI. De plus, le futur Square Kilometre Array [parc d’antennes d’un kilomètre carré] sera assez sensible pour capter des signaux émis de manière non intentionnelle depuis l’espace – comme des émissions de télévision ou de radio extraterrestres –, et plus seulement des messages dirigés. En outre, les progrès en termes de puissance de calcul informatique devraient donner un coup de fouet au SETI. “D’ici deux ans, nous aurons collecté et analysé plus de nouvelles données que nous ne l’avons fait ces cinquante dernières années”, se réjouit Shostak. Il estime qu’en 2028 le SETI aura passé en revue plus de 1 million de systèmes stellaires. Et de conclure : “Si, après tout ce temps, c’est toujours le silence radio, il faudra commencer à se poser des questions.”

Source
Courrier International, 24 Juillet 2008, Zeeya Merali
Article précédent
Article suivant
Sur le même sujet

0 commentaires: