mardi 8 février 2011

Robert Le Dinh, le "Gourou Violeur"

Robert Le Dinh


Accusé de viols et agressions sexuelles sur des adeptes, parmi lesquelles des mineures, Robert Le Dinh est jugé depuis vendredi aux assises de l'Ariège, à Foix. Pervers selon ses victimes présumées, maître inspiré selon ses partisans et les membres de son comité venus le soutenir à son procès, il encourt jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.

Gourou, "le mot ne me fait pas peur, je suis un leader spirituel ou tout ce que vous voulez. J'ai animé un groupe d'amis, avec un fondement mystique et chrétien, mais loin de moi l'idée d'imposer quoi que ce soit", a déclaré Robert Le Dinh, dit Tang, juste avant d'entrer dans la salle des assises. Le cheveu noir et clairsemé, une audition un peu difficile, le débit lent... Difficile de voir en Robert Le Dinh une espèce de séducteur qui, selon son avocat, Me Pierre Le Bonjour, exerçait sur ses disciples féminines le même ascendant qu'un professeur d'université sur ses étudiantes.

C'est pourtant le même homme, fils d'une mère française catholique et d'un père d'origine vietnamienne bouddhiste, qui, selon ses victimes présumées, imposait aux femmes des rapports sexuels qu'elles acceptaient par peur de ce qu'il appelait la "loi du retour", des malheurs pour elles ou leurs proches. Robert Le Dinh dispensait des enseignements quotidiens à une vingtaine de personnes, d'abord en Lot-et-Garonne, puis, à partir de 2005, dans l'Ariège. Il disait avoir reçu en 1982 une révélation du Christ. Son ascendant était tel qu'il conseillait les adeptes dans leur carrière ou constituait les couples, rapportent des témoins.

L'affaire avait éclaté en avril 2007 quand un couple d'ex-adeptes, Dominique et Isabelle Lorenzato, avaient dénoncé aux gendarmes l'existence de ce qu'ils décrivaient comme une secte et les pratiques de son chef. Six autres parties civiles les ont ensuite rejoints. Parmi elles, deux filles d'adeptes, qui accusent Robert Le Dinh d'attouchements alors qu'elles étaient mineures. L'Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victimes de sectes a décidé de se constituer partie civile elle aussi.

Tang, condamné à deux ans et demi de prison en 1984 notamment pour extorsion de fonds, est aussi accusé d'avoir fait financer son train de vie par les membres du groupe. Entre 2005 et 2007, environ 150 000 euros auraient été versés sur ses comptes. Pour les parties civiles, le caractère sectaire du groupe de Tang ne fait aucun doute.

La défense, elle, va plaider l'acquittement. Pour elle, la communauté n'était pas une secte, mais un groupe religieux, aux pratiques légères et libres. "Ce procès est une machination", a dit Belly, la fille de Robert Le Dinh, avant l'ouverture des débats. Selon elle, les accusateurs de son père sont "des menteurs et des manipulateurs, des gens assoiffés d'argent". Le verdict est attendu le 18 septembre.

Source
Le Monde, publié le 10 septembre 2010
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