mardi 8 février 2011

Le site Ayodhya partagé entre musulmans et hindous

Mosquée d'Ayodhya



Inde - Dans un arrêt déjà contesté, la justice a décidé de diviser le lieu saint, théâtre de massacres en 1992.

Convoité et disputé depuis des décennies, le lieu saint d’Ayodhya, dans l’Uttar Pradesh, sera finalement divisé en trois parties : l’une reviendra aux hindous, l’autre aux musulmans et la dernière à la secte hindoue Nirmohi Akhara. Dans un arrêt de 8 500 pages, la haute cour de cet Etat du nord de l’Inde a tenté hier de satisfaire tout le monde, sans convaincre personne. Plusieurs groupes hindous et musulmans ont d’ores et déjà annoncé qu’ils feront appel du verdict auprès de la Cour suprême indienne.

Le Premier ministre, Manmohan Singh, qui a déployé 200 000 hommes des forces de sécurité et placé en état d’alerte plusieurs sites sensibles, a appelé hier au calme.

Ayodhya, qui abrite les ruines d’une mosquée babri du XVIe siècle, avait été le théâtre, en 1992, de la pire vague de violences religieuses depuis l’indépendance du pays, en 1947.

Des extrémistes hindous, qui estiment que la mosquée a été construite par l’empereur moghol Babar sur un site dédié à leur dieu Rama, avaient alors rasé le lieu de culte. Au moins 2 000 personnes avaient été tuées, en majorité des musulmans.

Pour la première fois, la cour a reconnu que le site disputé était bien le lieu de naissance du dieu hindou Rama. Elle a également déclaré que le bâtiment édifié par l’empereur Babar n’était pas une mosquée, car il avait été construit, «à l’encontre des principes de l’islam», sur le site d’un temple hindou détruit.

A la suite de cette décision, les hindous espèrent maintenant obtenir l’autorisation de bâtir un nouveau temple. Les musulmans ne devraient pas manquer non plus d’exiger la reconstruction de leur lieu de culte.

Hier, le Premier ministre a choisi de temporiser : «Le statu quo sera maintenu jusqu’à ce que la Cour suprême se saisisse de l’affaire.»

Source
Libération, publié le 01/10/2010, article écrit par Arnaud Vaulerin
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