dimanche 13 février 2011

Un entrepreneur coupable d'observation d'OVNI


Benjamin Hamon a vendu 60 000 lanternes célestes en 2010. La plupart s'envolent les soirs d'été.




SkyLantern, petite société de la métropole lilloise, arrose la France de ses lanternes célestes depuis trois ans. Dans le même temps, les observations d'ovnis se multiplient...


« Allô, bonjour. Samedi soir, j'ai vu des lumières dans le ciel. C'était blanc et orange, ça avançait tout doucement, sans bruit. Vous allez croire que je suis folle, mais j'ai eu peur ! J'ai pensé à des Martiens... » Des coups de fil comme celui-ci, La Voix du Nord en reçoit plusieurs par semaine, depuis que le phénomène a été constaté certains week-ends dans les environs de Béthune, Cambrai, Maubeuge, Lens, Arras, etc. (notre édition du 25 août).

Les ufologues agacés

« Gros pic d'observation le samedi ! », s'amuse celui par qui la méprise arrive. Car Benjamin Hamon, jeune entrepreneur de la métropole lilloise, est payé - littéralement - pour savoir que les « objets volants » ne sont pas tous « non identifiés » : depuis trois ans qu'il commercialise des lanternes célestes avec sa société SkyLantern basée à Quesnoy-sur-Deûle, il voit grossir les buzzen même temps que son chiffre d'affaires. « Des lâchers de mes lanternes, estime-t-il, il doit y en avoir une centaine par week-end, pour des mariages ou des baptêmes », suscitant des alertes aux ovnis partout en France. Au point que « les ufologues (spécialistes des ovnis) finissent par en être agacés ».


Vendredi soir à Lille, l'homme est venu avec une dizaine de lanternes dans la sacoche de son scooter pour nous faire une démonstration. Déplié, l'objet se présente comme une montgolfière d'un mètre, en papier ignifugé et biodégradable, équipée d'un brûleur - du carton imbibé de cire - à sa base. Un coup de briquet, trente secondes d'attente, et les lanternes s'élèvent. Au bout de deux minutes, à plusieurs centaines de mètres d'altitude, leur comportement étonne. On appellerait volontiers la gendarmerie pour signaler leur ballet scintillant. « Elles voyagent dans la même masse d'air, de manière synchrone. Elles peuvent se placer en ligne, en triangle ou en V. On comprend que ça fasse penser à des ovnis », commente Benjamin Hamon. Les lanternes volent pendant 6 à 8 minutes sur une distance de 5 km environ. On peut les observer dans un rayon de 10 km.

SkyLantern est actuellement le leader de la distribution de lanternes célestes en France, après en avoir été le pionnier en 2007. L'idée est venue à Benjamin Hamon lors d'un voyage en Thaïlande, où il a assisté « émerveillé » à un lâcher de ces gadgets millénaires.

Success story

« C'est super, ce truc. Je veux ça pour mon mariage », s'est-il dit. De retour en France, il en cherche donc... en vain. « Pour sonder le marché », il place une pub sur Google, et reçoit « trois commandes par jour ».


Bingo. Il saute sur le créneau. Le papier sera canadien, la fabrication chinoise, avec vente par correspondance, puis dans quelques magasins de fête, au prix moyen de 3 euros pièce. Le début d'une success story. En 2008, il écoule 6 000 lanternes. En 2010, déjà dix fois plus. En octobre, il embauchera son premier salarié à plein temps, et un autre en 2011... « Cet été, les ventes ont dépassé mes attentes », se félicite-t-il.

Sur notre site Internet, un lecteur « sûr à 98 % » de son observation paranormale, s'indigne en lettres capitales qu'on veuille lui faire prendre « des ovnis pour des lanternes ». Benjamin Hamon comprend sa colère : « Des gens croient avoir assisté à un événement intersidéral et on leur dit que c'est du vent. Ils sont déçus. Personnellement, je crois à la vie extraterrestre... mais pas à ce type d'observation. »

Source
La Voix du Nord, 31/08/2010, par Éric HOLZAPFEL
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