lundi 14 février 2011

Le fantôme du Sanatorium de Basse-Engadine



GRISONS | Un ancien sanatorium de Basse-Engadine est au cœur d’un étrange phénomène. Un fantôme rôderait dans les couloirs, faisant sursauter clients et employés. Rencontre du troisième type.



Il faut avoir le cœur bien accroché pour passer une nuit au Val Sinestra. Cet hôtel, niché en Basse-Engadine à 1500 mètres d’altitude, est au centre d’étranges phénomènes. Des fenêtres s’ouvrent subitement, des verres à vin se mettent à tinter, des boules de lumière surgissent dans la nuit et des courants d’air froid percent la torpeur des salons, pourtant bien chauffés. Dans les Grisons, ces bizarreries passent pour des légendes. Pourtant, les médiums sont formels: un fantôme hante les lieux. 24 heures est parti à sa recherche.

Le Val Sinestra aurait tout aussi bien pu servir de décor au film Shining de Stanley Kubrick. L’ancien sanatorium, construit en 1912 pour soigner les malades de la syphilis, de la leucémie ou de la tuberculose, ressemble à un gigantesque manoir. Plongé dans la nuit d’hiver, l’édifice de onze étages revisite tous les classiques de l’horreur: une situation perdue à six kilomètres de la première localité, une route enneigée quasi impraticable, d’immenses pièces où se côtoient un vieux piano à queue et des photos d’inconnus au visage fermé, et, évidemment, de longs couloirs sombres donnant sur des portes fermées. De quoi faire grimper le «trouillomètre» des plus avertis.

Un Belge amoureux

«Surtout si Guillon se manifeste», sourit Wanda Hopman, la propriétaire. Guillon? Un fantôme avec lequel cette Hollandaise de 47 ans vit depuis vingt ans, mais dont elle vient de faire la connaissance. «Pendant longtemps, je n’avais pas d’explication aux phénomènes qui se produisaient ici, raconte Wanda, dont le sourire sympathique ne colle pas au scénario du film. Plusieurs fois, des fenêtres que nous avions pourtant fermées à double tour se rouvraient toutes seules. Et, dès qu’on les refermait, d’autres s’ouvraient.»

«Un jour, j’étais seule dans le salon quand tout à coup la musique s’est enclenchée, ajoute une employée. Moi qui suis d’un naturel sceptique, j’ai commencé à croire que quelque chose d’étrange se passait entre ces murs.»

Au début de l’année, deux médiums, mandatés par la presse, sont venus vérifier. «Ils ont conclu qu’un fantôme vivait avec nous, poursuit très sérieusement Wanda. Il s’agit d’un Belge du nom de Guillon, un malade de la tuberculose qui s’est fait soigner dans ce sanatorium dans les années 1920. Selon le médium engagé par l’hebdomadaire SonntagsBlick, Guillon était tombé amoureux d’une employée prénommée Maria. A sa mort, il est revenu hanter les lieux dans le but de protéger le personnel. C’est un gentil fantôme, nous a-t-on assuré. Il vit dans les étages du bas, où les patients suivaient les cures thermales à l’époque.» Au sous-sol, il n’est pas rare qu’un courant froid vienne glacer le dos des visiteurs.

Client parti en courant

L’un d’eux a d’ailleurs eu si peur qu’il a quitté précipitamment l’hôtel. «Mais c’est rare, rassure la directrice. Notre clientèle vient majoritairement des Pays-Bas et ignore l’existence du fantôme. Nous n’en parlons pas.» Ce jeudi soir, l’hôtel est plein. Et, en effet, aucun touriste ne se doute de ce qui s’y trame. «C’est que Guillon n’aime pas la foule», regrette Wanda.

Apparemment, il préfère les filles seules. Nous assurons en effet que la porte de notre chambre s’est soudainement verrouillée, alors que nous n’avions pas touché à la clef. Un clin d’œil de Guillon? Possible. Mais peut-être avons-nous tout simplement regardé trop de films d’horreur…

Source
24 Heures, Nadine Haltiner / Val Sinestra, 06/04/2010
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