Il n'y a pas
encore si longtemps, Halloween n’était célébrée qu'aux Etats-Unis et au
Canada, mais ces dix dernières années, la fête s'est largement répandue en
Europe et en Russie. Son histoire est liée aux Celtes qui célébraient dans la
nuit du 31 octobre au 1er novembre la fin de l'été et le début de l'automne.
Cette nuit-là, les gens offraient en sacrifice des animaux, allumaient des feux
et tentaient de lire l'avenir.
La poète et
journaliste Marina Mamona affirme
dans un entretien à La Voix de la Russie que notre pays possède son
équivalent d'Halloween.
La Voix de la Russie : Y a-t-il dans cette fête des
affinités avec l'âme russe ?
Marina Mamona
: Tout comme nos ancêtres, nous célébrons
une fête similaire bien qu'elle dure huit jours et non pas un seul et qu’elle a
lieu en hiver et non pas en automne ! En Russie elle s'appelle Sviatki et
commence aussitôt après Noël orthodoxe. Elle remonte aux temps païens et
symbolise le début du nouvel an. Selon la légende, pendant une semaine après la
naissance du Christ, des esprits malins de toute sorte rôdaient partout pour
effrayer les bonnes personnes. Tout comme pendant Halloween, les jeunes se
déguisaient, mettaient des masques avec une barbe et des cornes et faisaient la
tournée des maisons en chantant et en demandant en retour collations ou menue
monnaie.
LVdlR : Pendant Halloween ce sont les forces du mal
qui mènent le bal, on raconte des histoires de sorcière... Quelles sont vos œuvres
favorites à ce sujet ?
Marina Mamona
: A mon avis le conte fantastique de Nicolas
Gogol, Vij, est l'œuvre la plus terrifiante de la littérature classique russe.
Imaginez trois séminaristes qui trouvent refuge dans une maison inconnue où
l'un d'entre eux est attaqué par une sorcière. Ajoutons à cela un cercueil qui
se met à voler et la morte qui en sort. En plus, une foule de vampires, les
gnomes qui, à la fin du conte se jettent sur le héros principal. Vij est le nom
du chef des ghomes qui, selon les légendes des Slaves orientaux, vit dans
l'enfer et dont le regard tue tout être vivant. Ses paupières pendent jusqu'au
sol et il ne peut pas les relever sans aide extérieure.
Avant Gogol le poète Vassili Joukovski a composé en
1813 une ballade à glacer le sang, Svetlana, dans laquelle il décrit notamment
une prédiction pendant Sviatki. Svetlana pour apprendre le sort de son fiancé,
s'est installée à minuit devant un miroir avec une chandelle. Selon les
légendes, la jeune fille assise devant le miroir devait y voir le reflet de son
fiancé. Mais au lieu du fiancé elle a vu un cercueil avec un mort ressuscité.
Il est vrai que tout a fini bien : ce n'était qu'un songe et le fiancé est
revenu sain et sauf.
LVdlR : Pourquoi le thème des horreurs est si
populaire ?
Marina Mamona
: Je pense que les gens sont attirés par
tout ce qui est inexplicable et imprévisible. Cela peut être étonnant, mais le
Malin est en mesure d'ajouter du piment même à des œuvres très sérieuses.
Prenons à titre d'exemple le roman de Mikhaïl Boulgakov Le Maître et
Marguerite. Là la troupe du Satan qui se permet toute sorte d'extravagances
dans la capitale soviétique est très réaliste : ses membres boivent du soda,
prennent le tram, fréquentent des restaurants, vont assister aux spectacles de
variétés et leurs incartades attirent toute l'attention du lecteur, surtout
naïf. Je dois avouer qu'à l'école, quand j'ai fait connaissance avec ce livre,
j'ai lu avec plaisir les chapitres sur les aventures de Satan et de sa bande et
j'ai omis le reste.
LVdlR : Y a-t-il un personnage qui t'a vraiment fait
peur ?
Marina Mamona
: Dans mon enfance j'avais vraiment la
trouille de Signor Tomato, personnage du célèbre conte Cippolino de Gianni
Rodari. Il me semblait être l'incarnation du mal pour la simple raison que mon
père l'a dessiné sur l'armoire dans ma chambre. Il était effrayant et j'avais
peur qu'il descende de l'armoire et me fasse une saleté. Surtout dans
l'obscurité.
LVdlR : Le jour d’Halloween sera-t-il pour toi un
jour comme les autres ?
Marina Mamona
: Pour Halloween je cuisinerai
obligatoirement un plat dans lequel je mettrai beaucoup d'ail pour faire fuir
tous les vampires.
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