mercredi 26 novembre 2014

L’Amérique latine, paradis pour les nazis au XXe siècle


Après la défaite de l’Allemagne nazie, les fascistes ont été poursuivis partout dans le monde ou presque. Il y avait cependant les endroits où l’on était très ravi de leur donner refuge. Les pays d’Amérique latine ont accueilli à bras ouverts des dizaines de milliers de criminels nazis ayant fui l’Europe. Les anciens responsables de l’Allemagne fasciste ont créé une centaine de sociétés en Argentine et plus de 250 au Chili, en Uruguay, au Venezuela, en Bolivie et en Equateur.

Ce n’est pas un hasard si la « route des rats », comme on appelait les réseaux d’exfiltration nazis, menait en Amérique du Sud. Celle-ci avait des liens économiques très étroits avec l’Allemagne, établis avant la Première guerre mondiale dans laquelle de nombreux pays de cette partie du globe avaient gardé leur neutralité. Les économies argentine, brésilienne, chilienne et autres étaient toujours fortement dépendantes des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Ces derniers préparaient d’ailleurs une nouvelle guerre contre l’URSS par les mains des « anciens » fascistes. Beaucoup de Latino-américains voyaient donc en Allemagne nazie un contrepoids à l’omnipuissance de Londres et de Washington sur l’arène internationale, dit le directeur du Centre de recherche et d’information de l’Institut de l’Amérique latine de l’Académie des sciences de Russie Alexandre Kharlamenko.

« Les opinions +anti-yankee+ sont fortement répandues en Amérique latine. Je n’ai pas dit +antiaméricaines+, parce que les Latino-américains se positionnent aussi en Américains. Les dictateurs latino-américains sympathisaient avec les nazis et les fascistes pour des motifs idéologiques. Des sous-marins nazis et japonais s’avitaillaient au Nicaragua et dans les pays voisins ».

Il y avait deux principales filières de la « route des rats » : la première exfiltrait les nazis munis de faux papiers d’Allemagne vers l’Argentine via l’Espagne ; la deuxième, de l’Allemagne vers Rome et Gênes et ensuite vers l’Amérique du Sud. Les autorités argentines ont même mis en place leurs propres filières à travers la Scandinavie, la Suisse et la Belgique, explique l’écrivain, spécialiste de l’Amérique latine Nil Nikandrov.

« Juan Perón a pris pitié des nazis. Il considérait qu’ils étaient utiles pour son pays, pour le développement de celui-ci. Il y en a également qui sont allés aux Etats-Unis. On en avait besoin pour développer des conflits avec l’URSS. En fait la Suède y a aussi participé, poussée par des considérations « humanitaires ». Quant à la filière espagnole, le dictateur Francisco Franco n’a pas oublié sa coopération avec l’Allemagne nazie. La filière bien connue, celle du Vatican, permettait d’avoir des papiers et de partir. Il y a maintenant au maximum deux centaines de ceux qui sont encore en vie, qui ont plus de 80 ans. Ce n’est qu’aujourd’hui que certains sont extradés vers l’Allemagne pour y être jugés. C’est peut-être pour qu’ils ne puissent pas vivre tranquillement jusqu’à la fin de leurs jours parce qu’ils sont tous dans un très mauvais état ».

Les services secrets nord-américains ont directement participé au recrutement et à l’exfiltration des criminels nazis, comme en atteste un rapport du service de renseignement de l’armée américaine établi en 1950. Des agents des services secrets nazis, des spécialistes de systèmes d’armements nucléaires et de systèmes de missiles ont ainsi été exfiltrés. Plus tard ils ont continué la guerre contre l’URSS, avec l’appui des Etats-Unis les finançant. D’ailleurs on peut même aujourd’hui rencontrer en Amérique latine des personnes prénommées Hitler – c’est le prénom qui leur a été donné par leurs parents… Mais c’est déjà une autre question, celle de l’attitude des Sud-américains à l’égard de ce voisinage douteux avec les nazis.

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