Après la
défaite de l’Allemagne nazie, les
fascistes ont été poursuivis partout dans le monde ou presque. Il y avait
cependant les endroits où l’on était très ravi de leur donner refuge. Les pays
d’Amérique latine ont accueilli à bras ouverts des dizaines de milliers de
criminels nazis ayant fui l’Europe. Les anciens responsables de l’Allemagne
fasciste ont créé une centaine de sociétés en Argentine et plus de 250 au
Chili, en Uruguay, au Venezuela, en Bolivie et en Equateur.
Ce n’est pas
un hasard si la « route des rats »,
comme on appelait les réseaux d’exfiltration nazis, menait en Amérique du Sud.
Celle-ci avait des liens économiques très étroits avec l’Allemagne, établis
avant la Première guerre mondiale dans laquelle de nombreux pays de cette
partie du globe avaient gardé leur neutralité. Les économies argentine,
brésilienne, chilienne et autres étaient toujours fortement dépendantes des
Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Ces derniers préparaient d’ailleurs une
nouvelle guerre contre l’URSS par les mains des « anciens » fascistes. Beaucoup de Latino-américains voyaient donc en
Allemagne nazie un contrepoids à l’omnipuissance de Londres et de Washington
sur l’arène internationale, dit le directeur du Centre de recherche et
d’information de l’Institut de l’Amérique latine de l’Académie des sciences
de Russie Alexandre Kharlamenko.
« Les opinions +anti-yankee+ sont fortement
répandues en Amérique latine. Je n’ai pas dit +antiaméricaines+, parce que les
Latino-américains se positionnent aussi en Américains. Les dictateurs
latino-américains sympathisaient avec les nazis et les fascistes pour des
motifs idéologiques. Des sous-marins nazis et japonais s’avitaillaient au
Nicaragua et dans les pays voisins ».
Il y avait
deux principales filières de la « route
des rats » : la première exfiltrait les nazis munis de faux papiers
d’Allemagne vers l’Argentine via l’Espagne ; la deuxième, de l’Allemagne vers
Rome et Gênes et ensuite vers l’Amérique du Sud. Les autorités argentines ont
même mis en place leurs propres filières à travers la Scandinavie, la Suisse et
la Belgique, explique l’écrivain, spécialiste de l’Amérique latine Nil Nikandrov.
« Juan Perón a pris pitié des nazis. Il
considérait qu’ils étaient utiles pour son pays, pour le développement de
celui-ci. Il y en a également qui sont allés aux Etats-Unis. On en avait besoin
pour développer des conflits avec l’URSS. En fait la Suède y a aussi participé,
poussée par des considérations « humanitaires ». Quant à la filière espagnole,
le dictateur Francisco Franco n’a pas oublié sa coopération avec l’Allemagne
nazie. La filière bien connue, celle du Vatican, permettait d’avoir des papiers
et de partir. Il y a maintenant au maximum deux centaines de ceux qui sont encore
en vie, qui ont plus de 80 ans. Ce n’est qu’aujourd’hui que certains sont
extradés vers l’Allemagne pour y être jugés. C’est peut-être pour qu’ils ne
puissent pas vivre tranquillement jusqu’à la fin de leurs jours parce qu’ils
sont tous dans un très mauvais état ».
Les services
secrets nord-américains ont directement participé au recrutement et à
l’exfiltration des criminels nazis, comme en atteste un rapport du service de
renseignement de l’armée américaine établi en 1950. Des agents des services
secrets nazis, des spécialistes de systèmes d’armements nucléaires et de
systèmes de missiles ont ainsi été exfiltrés. Plus tard ils ont continué la
guerre contre l’URSS, avec l’appui des Etats-Unis les finançant. D’ailleurs on
peut même aujourd’hui rencontrer en Amérique latine des personnes prénommées
Hitler – c’est le prénom qui leur a été donné par leurs parents… Mais c’est
déjà une autre question, celle de l’attitude des Sud-américains à l’égard de ce
voisinage douteux avec les nazis.
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