L’abattage de
requins baleines pourrait être un moyen d’attirer au Japon des touristes musulmans, issus notamment
des pays arabes et de la Malaisie.
A l’issue d’un
moratoire de près d’un an, le Japon annonce un programme de pêche de la baleine
dans le cadre d’un « programme scientifique
». Cette décision survient quelques mois après que la Cour internationale de la
Justice de l’ONU ait reconnu illégale la pêche à la baleine par les sociétés
japonaises dans l’océan Austral et a décidé de l’interdire. Le Japon a promis
de respecter cette décision de la cour, et récemment, le gouvernement du pays a
publié un nouveau programme de recherche sur les cétacés qui s’appelle
NEWREP-A. Ce programme remplace le programme précédent JARPA II. Il prévoit
notamment l’élargissement de la zone de pêche au mammifère. Si jusqu'à présent
les baleiniers japonais pêchaient principalement au Sud des côtes de
l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, le nouveau programme étend la zone de
pêche à près de deux tiers de la côte antarctique dans l’Atlantique du Sud et à
la zone Sud-est de l’océan Pacifique.
Selon le
nouveau plan japonais, 333 petits rorquals peuvent être pêchés « pour la science » à l’aide de
canons-harpons. L’institut de recherche japonais, qui se spécialise dans
l’étude des baleines, explique cette méthode de la manière suivante : « Après avoir réalisé une étude scrupuleuse,
nous sommes arrivés à la conclusion que les informations sur l’âge des animaux
que nous récoltons chaque année, peuvent être obtenues uniquement par des
méthodes d'échantillonnage létales. C’est pourquoi nous employons ces méthodes
dans ce programme ».
La Commission
baleinière internationale (CBI) a interdit la chasse à la baleine dans des
buts commerciaux en 1986. En 1994, une déclaration a été adoptée sur la
création en Antarctique du Sud d’une réserve pour ces mammifères. En outre,
conformément à la résolution de la CBI, tout programme de chasse à la baleine,
même dans un but de recherche scientifique, doit être approuvé au préalable par
la Commission. Le Japon devait déposer son plan de recherche à la CBI le 20
novembre. Mais les autorités japonaises ont reporté la demande à la réunion
suivante qui aura lieu au plus tôt dans un an. Toutefois, des craintes existent
que la chasse à la baleine commencera dès cet hiver.
Selon Anna Filimonova, experte de la filiale
russe du Fonds international pour la protection des animaux, il s’agit
d’une violation du moratoire international.
« Ils motivent la pêche à la baleine par le
fait qu’il s’agit d’une activité de pêche autochtone, autorisée à certains pays
à condition de respecter les quotas. Les japonais parlent ici d’une pêche « à
des fins scientifiques ». Il faut rappeler que nous vivons au 21e siècle. La
science contemporaine n’utilise pas de méthodes létales pour étudier les
baleines. Par exemple, dans la zone de l’île de Sakhaline, en Extrême-Orient,
nous soutenons financièrement un groupe d'observateurs des baleines grises. Ces
observateurs sortent en mer et prélèvent des échantillons directement sur le
tissu des mammifères. Il existe des méthodes qui ne provoquent pas la mort des
baleines et ces méthodes suffisent pour reconnaître l’ADN des animaux et pour
mener d’autres recherches. Je ne comprends pas quelle procédure scientifique
doivent pratiquer les chercheurs japonais au point de vouloir tuer les baleines
? C’est une pratique très étrange, autant du point de vue de l’écologie que de
la science moderne. Et le fait qu’ils fassent référence aux traditions
alimentaires, cela est encore plus étrange. De nombreuses études et enquêtes
ont montré que les Japonais modernes n’ont pas un besoin vital de manger les
baleines. Du moins, pas en si grande quantité. Je suppose qu’il s’agit d’un
projet commercial, pour lequel quelqu’un au Japon fait du lobbying… »
L’abattage de
requins baleines pourrait être un moyen d’attirer au Japon des touristes
musulmans, issus notamment des pays arabes et de la Malaisie. L'année dernière,
l'Association des baleiniers japonais a reçu la certification « halal » sur les baleines, et aujourd’hui
le Japon exporte de la « viande de
baleine halal » vers les pays musulmans au même titre que la viande de
bœuf. Il faut noter que les deux aliments possèdent des propriétés
nutritionnelles similaires. Malgré une communauté musulmane relativement peu
nombreuse au Japon (pas plus de 100.000 pratiquants), les restaurants japonais
sont de plus en plus nombreux à passer au « halal
». Certains restaurateurs ont même intégré dans leur menu la « viande de baleine halal ». D’ailleurs le
Japon organise ces jours-ci une foire halal, composée de produits alimentaires
fabriqués au Japon.
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