La semaine
dernière a été marquée par un scandale retentissant aux États-Unis. Le Sénat a
accusé la CIA de l’usage des tortures
cruelles lors des interrogatoires des personnes suspectées du terrorisme et
des affirmations mensongères sur l’efficacité de ces méthodes dans ses rapports
aux dirigeants du pays. Des conclusions foudroyantes figurent dans le dossier
volumineux de 500 pages publié par le comité de renseignement du Sénat. Le
document entièrement confidentiel compte 6000 pages au total.
Barack Obama avait
cyniquement avoué que les États-Unis faisaient usage des tortures de 2001 à
2009. Ce faisant, il évitait soigneusement le mot « torture » en essayant de justifier les bourreaux par un « travail très pénible ».
Oleg Matvéitchev,
professeur du Haut collège d’économie, estime que le respect dont les
États-Unis jouissent dans le monde, est à son point le plus bas :
« Le prestige moral de Washington et des
États-Unis dans le monde a chuté à un point critique à la suite de révolutions
colorées et de reformatages innombrables. Cela va sûrement verser de l’huile
sur le feu puisque les États-Unis sont déjà considérés comme un régime
dictatorial et le gendarme du monde. »
Le document
qui avait mis 5 ans à émerger, est devenu la première analyse officielle du
programme de la CIA appliqué au temps de George
W. Bush après les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Il permettait
notamment d’arrêter arbitrairement les personnes soupçonnées du terrorisme, de
les envoyer dans des prisons secrètes à l’étranger et de les soumettre aux
tortures.
Les documents
publiés attestent que les méthodes employées par la CIA incluaient
l’alimentation forcée et les passages à tabac. Certains détenus étaient privés
de sommeil pendant 180 heures et étaient en plus obligés de se tenir debout. On
leur enchaînait souvent les mains au-dessus de la tête. Le rapport signale le
cas d’un détenu mort de refroidissement parce qu’enchaîné nu à un plancher de
béton.
Les dirigeants
de l’officine d’espionnage faisaient remonter selon les sénateurs à la Maison
Blanche et au Congrès « une fausse information et les induisaient en erreur »
au sujet des méthodes appliquées aux détenus. Plus encore, la CIA tentait de «
se soustraite au contrôle » en faisant disparaître les enregistrements des
interrogatoires atroces. Mais c’est la conclusion tirée par les sénateurs que
l’emploi des méthodes cruelles « n’est pas devenu un moyen efficace
d’acquisition de renseignements » qui est devenue particulièrement malaisée
pour la CIA.
Notre
correspondant aux États-Unis Roman
Mamonov fait ressortir que les autorités américaines n’étaient pas
particulièrement émues face à ces révélations :
« L’ONU a appelé à punir tous les responsables
de l’usage des tortures mais dans ce contexte, il s’agit uniquement de vœux
pieux, d’un appel à de vagues démarches juridiques qui ne sont pas du tout
obligatoires pour les autorités américaines. »
Les agents de
renseignement qui abusent de leurs pouvoirs, doivent être traduits en justice
et les pays ou de tels agissements ont lieu n’ont pas le droit de donner des
leçons de morale aux autres, estime Mikhaïl Fedorov, président du Conseil des
droits de l’homme auprès du président de Russie. A son tour, Konstantin Dolgov, diplomate en charge
des droits de l’homme, a dit en commentant le contenu du rapport : « C’est connu de tous et depuis longtemps
», en faisant ressortir que la publication de cette information « avait souillée encore davantage la
réputation déjà peu reluisante des États-Unis dans le domaine des droits de
l’homme ».
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