Au hameau
d'Erable, territoire de Dampierre, dans la vallée de Chevreuse, vit une vieille
rentière, Mme Meyer, ayant à son service, comme chauffeur et comme cuisinière,
les époux Prevet ; le mari Fernand. trente-trois ans, et sa femme Clotilde,
d'un an plus âgée.
En l'absence
de Mme Meyer, qui villégiature actuellement en Suisse, le ménage Prevet
occupait ses loisirs à communiquer avec l'au-delà, par l’intermédiaire
de tables tournantes. Tous les soirs, jusqu'à une heure avancée, les guéridons
exécutaient des sauts impressionnants, et même, assure-t-on dans le pays, les
casseroles accrochées aux murs de la cuisine s'entre-choquaient sans qu'aucune
main visible ne les eût touchées.
Ces pratiques,
hélas devaient avoir pour les époux Prevet, l'un et l'autre faibles d'esprit,
un résultat tragique, En effet, dans la soirée d'hier, les voisins perçurent
des cris de terreur provenant de la villa Meyer. Se croyant poursuivie par des
esprits malfaisants, Mme Prevet courait, affolée, de pièce en pièce, lacérant
ses vêtements et jetant par les fenêtres les objets qui lui tombaient sous la
main vaisselle, argenterie, coussins, carpettes, etc.
Pendant ce
temps, son mari, à genoux, Invoquait l'aide des bons esprits protecteurs du
foyer. L'homme et la femme avaient subitement perdu la raison. Tous deux
étaient en proie à un accès de folie mystique.
Le maire de Dampierre,
le docteur Jalabert, prévenu aussitôt, se rendit au hameau d'Erable et tenta de
calmer les malheureux insensés. Ses exhortations demeurèrent vaines. On dut
appeler les gendarmes. Ceux-ci pénétrèrent dans la maison et, après une courte
lutte, s'emparèrent de la femme. L'homme se laissa capturer sans résistance.
Mme Prevet a
été mise en observation à l'hôpital de Rambouillet. Son mari est en traitement
à l'hôpital de Versailles.
Article tiré du journal Le Petit Parisien,
publié le mardi 30 août 1927
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