dimanche 2 novembre 2014

La partition du Japon qui n’a pas eu lieu


La Seconde guerre mondiale touchait à sa fin en été 1945. L’Allemagne d’Hitler avait déjà capitulé et la paix s’est établie en Europe alors que des combats acharnés se poursuivaient toujours entre les troupes japonaises et anglo-américaines en Asie. L’armée japonaise restait une force redoutable malgré les défaites et les lourdes pertes et n’avait aucune intention de déposer les armes.

Pendant ce temps, les dirigeants des États-Unis, de la Grande Bretagne et de l’Union Soviétique menaient des négociations sur l’entrée de l’URSS en guerre contre le Japon. Il y a 40 ans, en 1905, le Japon avait remporté la victoire sur l’empire de Russie après l’avoir attaquée perfidement. Les Japonais se sont emparés de la moitié sud de Sakhaline et des îles Kouriles situées au sud de la presqu’île de Kamtchatka. Staline a décidé de récupérer les territoires perdus par le tsar Nicolas II. Les États-Unis et la Grande Bretagne ont consenti à reconnaître le droit de l’URSS sur ces territoires. Mieux encore, les alliés ont proposé à Staline d’occuper une partie des îles nippones.

Le général américain Macarthur avait élaboré le plan de partition d’après-guerre du Japon en zones d’occupation à l’instar de l’Allemagne vaincue. Les îles nippones devaient être divisées en 4 secteurs contrôlés par les troupes des États-Unis, de l’URSS, de la Grande Bretagne et de la Chine. La zone d’occupation soviétique comprendrait l’île de Hokkaido au nord et une partie de Honshu.

Au début de 1945, quand les troupes soviétiques combattaient encore l’armée de l’Allemagne nazie, Staline avait ordonné d’élaborer le plan de guerre contre le Japon. Il fallait libérer des Japonais la Chine du Nord-Est, la Corée du Nord, Sakhaline et les îles Kouriles et débarquer finalement sur Hokkaido.

La guerre a commencé le 9 août 1945. L’armée soviétique a défait les Japonais en seulement trois semaines et rempli toutes les missions sauf le débarquement sur Hokkaido. Cette opération était annulée par Staline lui-même. Mais pourquoi? On l’explique généralement par la sagesse géopolitique du leader soviétique qui aurait compris que le but principal de la guerre était atteint après la défaite de l’armée japonise et la récupération des territoires perdus il y a 40 ans. C’est pour cette raison qu’il n’a pas voulu sacrifier les vies des milliers de soldats soviétiques dans la lutte pour l’île de Hokkaido dont l’URSS n’avait pas besoin. Mais il existe aussi une autre explication : l’opération a été supprimée en raison des divergences sérieuses entre l’URSS et les États-Unis.

Le président Roosevelt bien disposé envers l’URSS, est mort en avril 1945. Le nouveau président Truman était partisan de la « ligne dure » dans les relations avec l’Union Soviétique. Il pensait que Roosevelt avait fait trop de concessions à Staline et se proposait de corriger les « erreurs » de son prédécesseur. Il croyait que la bombe atomique américaine était son principal « argument ». En août 1945, cette arme monstrueuse a effacé de la face de la terre les villes japonaise d’Hiroshima et de Nagasaki. A cette époque, les États-Unis étaient l’unique puissance nucléaire et Truman espérait remettre le leader soviétique « à sa place » et lui dicter ses conditions par le truchement de la bombe atomique.

Le président a commencé par renoncer au plan de partition du Japon en zones d’occupation conçu par Macarthur. Le pays vaincu ne devait être gouverné par les autorités d’occupation américaines. Déjà après la capitulation du Japon, Staline avait écrit une lettre à Truman en insistant le caractère souhaitable de la présence militaire soviétique sur Hokkaido mais Truman y a opposé son refus. Mieux encore, le président a demandé de déployer une base d’aviation américaine sur une des îles Kouriles occupées par les troupes soviétique. C’était un défi non dissimulé. Staline y a répondu sur un ton d’agacement : « Les revendications de ce genre sont généralement présentées soit à un État vaincu… soit à l’État qui n’est pas capable de défendre son territoire ». En d’autres mots, les Kouriles font partie de l’Union Soviétique et les Américains n’y ont rien à faire. Truman a reculé mais les dirigeants soviétiques ont également dû renoncer aux plans de déploiement de leurs troupes sur Hokkaido. Aussi, c’est grâce aux divergences entre les vainqueurs que le Japon a pu préserver son intégrité. Il n’y a pas eu de partition du pays en 2 ou 4 zones vu qu’il n’y avait qu’une zone d’occupation, celles des États-Unis.

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