Le mausolée de Lénine est sans doute
l'édifice le plus emblématique et populaire de l'histoire soviétique. La Voix de la Russie voudrait
évoquer pour ses lecteurs quatre faits peu connus mais intéressants relatifs au
passé de cette construction unique située sur la place Rouge.
Concours populaire pour le projet du mausolée
En 1924, un
concours populaire pour le projet du mausolée a été annoncé pour que chacun
puisse exposer sa vision du monument funéraire.
Sa forme
actuelle n'était pas la seule proposée au jury : ainsi, selon le spécialiste de
Moscou Denis Romodine, il y a eu des
versions avec le cube et la pyramide :
« Il y avait le projet d'un petit obélisque
avec un gazon accosté par un petit bateau. Un autre présentait une tour
cylindrique haute comme la tour Spasskaïa. Il y avait le projet d'une grotte
romantique dans un rocher qu'il fallait escalader ».
Les
organisateurs du concours en sont venus à la conclusion qu'il devait être
organisé parmi les professionnels. Denis Romodine trouve optimal le projet
d'après lequel le mausolée a été construit : celui de l'architecte Alekseï
Chtchoussev. Il était le plus pratique et techniquement réalisable du point de
vue des réalités économiques de l'époque.
Moins d'une semaine pour le mausolée du guide
Lénine est
mort le 21 janvier 1924 et le présidium du Comité exécutif central de l'URSS a
décidé de construire sur la place Rouge de Moscou à côté des tombes des
combattants de la révolution d'Octobre une nécropole pour conserver le corps du
guide de la révolution.
Elena Ovsiannikova, chef
de section de l'ONG DOCOMOMO-Moscou-Centre, membre d'ICOMOS et professeur de
l'Institut d'architecture de Moscou, rappelle qu'en fin de compte dans la nuit
du 23 au 24 janvier la commission présidée par Viatcheslav Molotov et Félix
Dzerjinski a confié à Alekseï Chtchoussev de réaliser d'urgence le projet d'un
mausolée provisoire.
L'architecte a
été convoqué à la salle des colonnes de la Maison des syndicats à minuit. «
J'ai eu le temps de prendre tous les instruments nécessaires dans mon atelier,
ensuite je devais me rendre dans les locaux qui m'ont été réservés pour le
travail. Dès le matin je devais commencer le projet des tribunes, la pose des
fondations et de la crypte », a-t-il raconté plus tard.
Tôt le matin
du 24 janvier 1924 il a déjà dirigé le marquage du territoire avec des piquets.
Ensuite les
premières explosions ont été entendues : la terre gelée par le froid de -25° ne
cédait pas à la bêche et au pic et pour creuser la fouille une équipe de
mineurs a été mobilisée. Les travaux de dynamitage ont pris environ 24 heures
et seulement après les bêcheurs ont pu se mettre à la tâche, a écrit
l'architecte dans son journal.
Le mausolée actuel est le troisième
Après le
premier mausolée provisoire du guide du prolétariat soviétique Alekseï
Chtchoussev commence, en mai 1924, la construction d'un autre édifice plus
monumental, mais également en bois de chêne.
La deuxième
version était déjà une construction à redans. « Le projet était assez
compliqué, car il a fallu constuire un édifice qu'il ne faudrait pas exploiter
à l'extérieur », explique Denis Romodine.
Elena
Ovsiannikova ajoute pour sa part que pour protéger l'édifice contre les
influences atmosphériques l'architecte a recouvert les murs de laque de couleur
cuivre et le toit, de tôles de cuivre. La construction du mausolée provisoire a
été terminée en deux mois. « L'inscription très expressive et l'incrustation de
la surface laquée avec des plaques de chêne sombres et des clous forgés lui ont
donné un caractère mémorial », dit-elle.
La troisième
version définitive du mausolée dont la construction a été achevée en octobre
1930 était en pierre.
Les tribunes donnent à l'édifice un caractère unique
L'armature du
mausolée est en béton armé et les cavités sont remplies avec des briques. Les
portes de la salle intérieure et les portes d'entrée et de sortie sont revêtues
de cuivre patiné.
En 1945 la
façade principale du monument a été partiellement reconstruite. Selon Mme
Ovsiannikova, outre deux tribunes en béton armé plâtrées aux grains de marbre à
droite et à gauche de l'entrée principale, une tribune a été aménagée pour les
dirigeants du parti communiste et du gouvernement.
Elle fait
remarquer la délicatesse avec laquelle l'architecte a inscrit le mausolée dans
l'ensemble historique complexe de la place Rouge ayant souligné son sens
unique. Cela a été obtenu grâce à des proportions de l'édifice : de grandes
segmentations d'un volume à redans compact. Elena Ovsiannikova signale :
« Il est à noter que malgré la rigueur de son
organisation architecturale le mausolée n'est pas tout à fait symétrique, ce
qui lui communique du pittoresque typique pour de nombreuses constructions de
Chtchoussev ».
Denis Romodine
précise pour sa part qu'avant la reconstruction réalisée à l'époque de Brejnev
le mausolée avait un système d'évacuation d'eau original. « Le système
d'isolation hydrique a été endommagé ce qui a demandé une nouvelle rénovation
de l'édifice », a-t-il commenté.
Il a rappelé
que le monument a un étage souterrain destiné à la maintenance du complexe.
Selon Denis
Romodine, on ne pouvait construire rien plus : l'édifice se trouve à
l'emplacement de l'ancien fossé, sur un sol assez instable ce qui rendait
extrêmement dangereux la construction de locaux souterrains supplémentaires.
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