Tous les
citoyens de la RPC voulant communiquer des informations sur leurs compatriotes
possédant la citoyenneté d’un autre pays pourront le faire grâce à un site
Internet spécialisé.
Cette campagne
contre la double nationalité est menée en Chine dans le cadre d’une campagne
anti-corruption. Mais ce sont les Chinois qui ont étudié à l’étranger qui en
pâtissent. Confrontés à un choix, ils renoncent généralement à la nationalité
de leur pays d’origine en faveur du passeport d’un autre pays.
A l’heure
actuelle, il n’y a pas de loi qui oblige les citoyens chinois à renoncer à leur
citoyenneté en cas d’obtention d’une citoyenneté d’un autre pays. Toutefois la
double nationalité est interdite en pratique dans ce pays. Le ministère chinois
de la Sécurité publique a ordonné d’annuler plus d’un million de hukou (droit de résidence) entre janvier
2013 et juin 2014 en raison de la deuxième nationalité de ces citoyens. Et
depuis le 15 juillet, un site Internet spécialisé a été créé, sur lequel les
citoyens vigilants peuvent signaler qui parmi les personnes qu’ils connaissent
a une double nationalité.
La réticence
des autorités chinoises à autoriser en Chine la double nationalité est motivée
par la lutte contre la corruption. Selon le rapport de l'Académie chinois des
Sciences sociales, depuis le début des années 1990 et jusqu’en 2011, près de
18.000 fonctionnaires chinois ont réussi à s’enfuir du pays avec en tout
environ 800 milliards de yuans détournés. Comme le montrent les statistiques du
ministère de la Sécurité publique, plus de 500 fonctionnaires accusés de
corruption ont quitté la Chine l’année dernière.
« Même si les fonctionnaires ayant la double
nationalité sont accusés d’activité illégale, il sera difficile de les punir à
cause de leur statut de « citoyens étrangers », reconnaît Ren Jianmig,
directeur du Centre d’études et d’enseignement anti-corruption à l’Université
Beihang.
Mais les
fonctionnaires corrompus ne sont pas les seuls à quitter le pays en masse.
Depuis 2010, la Chine est devenue un important foyer de départ à l’étranger
pour les étudiants chinois. Cette année-là, 140.000 jeunes chinois sont partis
étudier aux Etats-Unis. En tout, depuis 1978, la Chine a envoyé étudier à
l’étranger plus de 2 millions de jeunes chinois, dont seul un tiers est revenu
après la fin des études, constate le directeur du Centre de la Chine et de la
globalisation Wang Huiyao.
Selon les
experts des migrations, avec un exode des personnes hautement qualifiées aussi
important, la Chine connaît un manque de main d’œuvre étrangère qualifiée. A la
fin de 2012, seulement 250.000 spécialistes étrangers possédaient un permis de
travail chinois. Dans plusieurs grandes villes du pays comme Pékin, Shanghai ou
Guangzhou, la proportion de travailleurs étrangers représente à peine 0,5% de
la population totale. A titre de comparaison, à New York, Paris ou Londres, les
employés étrangers représentent 20 à 30% de la population urbaine.
Se rendant
compte que la RPC connaît une « fuite des cerveaux », en 2004, les autorités
chinoises ont adopté une série de mesures visant à attirer les entreprises
étrangères en Chine, et notamment les Chinois ethniques de nationalité
étrangère. Très peu nombreux étaient ceux qui correspondaient vraiment aux
critères pour les investisseurs, définis par les autorités chinoises. Selon la
législation chinoise, pour obtenir un « permis de séjour » chinois, il faut
investir pas moins de 500.000 dollars dans l’économie des régions les moins
développées du pays (il s’agit des régions occidentales) ou un million de
dollars dans des projets sur le territoire de la Chine centrale. Ces montants
ont découragé et découragent encore la plupart des expatriés chinois qui
désirent se réinstaller sur leur patrie historique.
La double
nationalité est reconnue dans près de 90 pays du monde, notamment aux
Etats-Unis et dans les pays d’Europe, mais aussi en Corée du Sud, aux
Philippines, au Brésil et au Mexique. Ce serait prématuré de décider
d’autoriser la double nationalité en Chine vu le contexte actuel, s’accordent à
dire les experts. Mais les autorités auraient bien pu introduire des cartes
spéciales pour les huaqiao (Chinois d’outre-mer), comme l’ont fait les
autorités indiennes pour leurs ex-concitoyens. Les titulaires de ce type de
document auraient pu revenir et vivre en Chine sans problème et bénéficier des
mêmes droits que des Chinois ordinaires, sauf le droit de briguer un mandat
public. Cela aurait pu permettre à la Chine de faire revenir la main d’œuvre
qualifiée et les experts sans que cela implique des coûts exorbitants,
supposent les experts chinois.
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