Le monde du paranormal est traditionnellement écarté de la science en général. Un grand nombre des phénomènes que nous considérons comme « paranormaux » sont généralement classifiés comme étant de simples délires et du charlatanisme par la science ordinaire. Très peu de chercheurs désirent garder l’esprit ouvert et explorer ces phénomènes inexpliqués avec un regard neuf.
C'est un domaine caché dans l'ombre de la science, largement banni du discours universitaire et apparemment condamné à rester à jamais en marge. Pourtant, certains membres de la communauté scientifique essaient de percer ces mystères de manière significative, et l'un d'entre eux est un physicien bien respecté, lauréat du prix Nobel.
Brian D. Josephson, un physicien gallois, professeur émérite de physique à l'Université de Cambridge et lauréat du prix Nobel de 1973, est l'un des scientifiques les plus en vue qui a osé se plonger dans le monde du paranormal et tenter de trouver des réponses. Son ascension dans les rangs des avancées scientifiques de pointe a commencé en 1962, quand, à 22 ans, il a développé une théorie révolutionnaire selon laquelle un courant électrique pouvait circuler entre deux matériaux supraconducteurs, même à travers de barrières telles qu'un non supraconducteur isolant, ce qui à l'époque était considéré comme impossible. Sa théorie du « tunneling », désormais connue sous le nom « d'effet Josephson », qui montre que les particules peuvent passer entre deux points disparates même à travers des barrières infranchissables, lui rapportera une part du prix Nobel de physique en 1973 et deviendra la pierre angulaire de la recherche sur la supraconductivité et le domaine émergent de la physique quantique. Il fit ensuite plusieurs nouvelles découvertes révolutionnaires dans le domaine et publia plusieurs articles très importants qui l'ont rendu célèbre même sans ses travaux de recherche qui lui ont valu le prix Nobel. Mais ses intérêts allaient de plus en plus vers ce que l'on pourrait traditionnellement qualifier de paranormal.
Cela a commencé avec l’intérêt croissant de Josephson pour le cerveau humain et ses liens avec la physique quantique afin d’expliquer théoriquement divers phénomènes paranormaux tels que la télépathie, la perception extra-sensorielle et la clairvoyance, domaines qui étaient généralement boudés par la science traditionnelle dans les années 1970 quand il a commencé à poursuivre ce travail peu orthodoxe. Il s'intéressa profondément au mysticisme oriental et à la parapsychologie et devint directeur du Mind-Matter Unification Project of the Theory of Condensed Matter Group du laboratoire Cavendish, au sein de l'université de Cambridge, qui cherche à comprendre la conscience, les processus cérébraux, et les processus intelligents dans la nature à travers le prisme de la physique théorique. Dans une interview dans Physics World, il expliqua sa volonté d'explorer ces choses et de la résistance à de telles idées dans la communauté scientifique :
« Il y a une très forte pression pour que ces sujets ne soient pas abordés de manière constructive. Les physiciens ont une réaction émotionnelle quand ils entendent quelque chose en rapport avec la parapsychologie. Leur opinion sur la recherche en parapsychologie ne repose pas sur une évaluation des preuves, mais sur une croyance dogmatique selon laquelle toute recherche dans ce domaine est fausse. J'ai commencé à sentir que la science conventionnelle était inadéquate pour les situations où l'esprit est impliqué, et une de mes préoccupations majeures était d’apporter des éclaircissement. En fin de compte, mes travaux sur le cerveau sont plus importants que mes travaux de recherche récompensés par un prix Nobel. »
Josephson pense qu'il existe, à la base de nombreux phénomènes parapsychologiques et paranormaux, une explication basée sur la science, dans des processus que nous ne comprenons tout simplement pas encore, et que la physique quantique sera essentielle pour résoudre tout cela. À son avis, tout cela pourrait relier de nombreux domaines considérés depuis longtemps comme du « paranormal » et conduire à une compréhension plus profonde des processus naturels réels qui les sous-tendent. Il a dit à ce sujet :
« Les physiciens tentent de réduire la complexité de la nature à une seule théorie unificatrice, à laquelle la théorie la plus aboutie et la plus universelle, la théorie quantique, a été associée à plusieurs prix Nobel, par exemple ceux de Dirac et Heisenberg. Les tentatives originales de Max Planck, il y a cent ans, d'expliquer la quantité précise d'énergie émise par des corps chauds ont commencé à capturer sous une forme mathématique un monde mystérieux et insaisissable contenant des ‘interactions fantasmagoriques à distance’, suffisamment réelles pour aboutir à des inventions telles que le laser et le transistor. La théorie quantique est maintenant combinée de manière fructueuse avec les théories de l’information et du calcul. Ces développements peuvent conduire à une explication de processus encore mal compris par la science conventionnelle, tels que la télépathie - un domaine dans lequel la Grande-Bretagne est à l’avant-garde de la recherche. »
Il a déclaré que son groupe de recherche avait mené à bien diverses expériences sur le phénomène de la télépathie, dans lesquelles des images étaient transférées d'un individu à l'autre par l'esprit, mais que de tels résultats étaient généralement ignorés par ses pairs car, comme il le dit, « Le problème, c’est que la communauté scientifique n’est pas au courant de ces résultats, car très peu de ces travaux sont publiés dans des revues comme Nature et Science. » Néanmoins, Josephson est devenu un partisan éminent et ardent de la recherche scientifique plus poussée sur le paranormal après qu’il ait ouvertement embrassé des idées de base comme la fusion froide, l'homéopathie et l'idée que l'eau possède une mémoire. En même temps, il a poursuivi ses recherches sur les pouvoirs de l'esprit. À cause de cela, il a été vu et traité plutôt comme un parias et un indésirable parmi d'autres physiciens. Beaucoup ne partageaient pas son enthousiasme pour de tels domaines et étaient très sceptiques. Un certain David Deutsch, physicien quantique de l’Université d’Oxford, ne mâche pas ses mots quand il qualifie son travail de « stupide », et déclare :
« Un jour, le père Noël pourrait devenir un domaine de recherche respectable. Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il n'y a pas de meilleure preuve pour l'un que pour l'autre. »
Cependant, même parmi ces détracteurs du domaine, il existe des scientifiques qui adhèrent à ce que Josephson tente de faire, ou du moins qui sont disposés à penser que ces domaines méritent d’être examinés. En effet, de nombreuses personnes titulaires d'un doctorat en parapsychologie occupent des postes estimés dans les universités et organisent régulièrement des conférences scientifiques interdisciplinaires sur le paranormal, telles que la conférence de 2005 intitulée « Perspectives rationnelles sur le paranormal » donnée à Cambridge. Bernard Carr, cosmologiste à l'Université de Londres, est un scientifique sympathisant à ce type d'études. Il a déclaré :
« Même si on considère que la probabilité que la perception extrasensorielle soit réelle est faible, sa portée, si elle était établie, serait si immense qu'il vaudrait certainement la peine d'investir des efforts pour l'étudier. Certains pourraient dire qu'il y a moins de preuves pour la théorie des supercordes que pour les perceptions extrasensorielles. Au moins nous pourrions essayer de reproduire ces phénomènes paranormaux en laboratoire. »
Horace Barlow, physiologiste de l'Université de Cambridge, est un autre scientifique respecté qui a organisé plusieurs conférences interdisciplinaires sur le paranormal. Barlow a été un fervent partisan de la recherche rationnelle dans les domaines traditionnellement associés au paranormal. Il ne considère pas ces études comme plus étrange que certains des autres domaines étudiés en physique, tels que la mécanique quantique. Il a défendu des recherches sérieuses sur le paranormal et a déclaré :
« La question de savoir si les phénomènes paranormaux existent réellement divise probablement les membres instruits de la civilisation occidentale moderne aussi nettement que n'importe quel autre problème. S'il est vrai que le cerveau humain peut recevoir des messages et contrôler des choses d'une manière qui ne peut être expliquée normalement, cela sape la croyance de la plupart des scientifiques et va à l'encontre de la croyance de la plupart d'entre nous qui enquêtons réellement sur le cerveau. Je ne crois pas que ce sujet progressera à moins que nous soyons suffisamment ouverts d'esprit pour accepter la possibilité de pouvoirs supranormaux et suffisamment critiques pour renoncer aux affirmations fausses. »
En fin de compte, afin de gagner en popularité dans la communauté scientifique en général, des physiciens tels que Josephson vont avoir besoin de davantage de données examinées par des pairs et de résultats concrets pour gagner en légitimité aux yeux de leurs compères, ce qui a traditionnellement été une entreprise très délicate. Les phénomènes paranormaux sont notoirement difficiles à étudier dans des conditions de laboratoire strictes, et donnent souvent des résultats invérifiables et inexplicables, ce qui rend difficile toute possibilité d'attirer l'attention du grand public et de gagner la respectabilité académique. Cela n'a toutefois pas arrêté des scientifiques comme Josephson, qui reste inébranlable et pense qu'il ne nous manque que les moyens pour comprendre suffisamment ces processus et pour mener des expériences significatives, qui changeront à mesure que nous éclairerons davantage le sujet. Il est resté provocant et a déclaré :
« Je pense que le scepticisme finira par être miné par l’avènement de théories plus profondes du rôle de l’esprit dans le monde naturel. C’est quelque chose que nous n’avons pas identifié lors des expériences physiques. Je pense que si nous pouvons avoir une sorte de modèle, alors les gens pourraient commencer à s’y intéresser. »
Si tout cela ne suffit pas à convaincre les sceptiques et les détracteurs, cela ouvre néanmoins la porte à la possibilité, que ce que l’on a appelé jusqu’à présent le paranormal, puisse se révéler un jour comme étant la normalité. Pour le moment, nous ne comprenons tout simplement pas encore ces phénomènes, qui pourraient un jour être expliqués par des études et des recherches appropriées.
C’est un domaine qui n’attire pas l’attention du grand public et qui est généralement considéré comme du non-sens. Toutefois, il semble bien qu’il y ait un certain nombre de partisans au sein de la communauté scientifique, et peut-être trouverons-nous un jour les réponses que nous cherchons tant, et que ces phénomènes seront acceptés parmi la myriade d'autres découvertes étranges qui sont entrées dans le giron de la science.
Photo : Brian D. Josephson
Sourcehttps://mysteriousuniverse.org/2019/10/a-rogue-physicist-and-explaining-the-paranormal/, 30 octobre 2019
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