Que peut
éprouver une jeune femme en ouvrant un jour son ordinateur pour découvrir que
des milliers d'internautes l'ont baptisée "femme la plus laide du monde" et que certains lui suggèrent de
mettre fin à ses jours?
Lizzie Velasquez, 26
ans, connaît la réponse à cette question. Elle n'a certainement pas souhaité
devenir une célébrité mondiale mais les persécutions et les moqueries l'ont
poussée à raconter son histoire au monde. La jeune femme a tourné un
documentaire-confession qui sera prochainement présenté au festival du cinéma
South by Southwest au Texas, où vit Lizzie.
Le film The
Brave Heart: The Lizzie Velasquez Story (Un cœur courageux: la vie de
Lizzie Velasquez) raconte l'histoire d'une Américaine ordinaire. Lizzie est née
avec un syndrome extrêmement rare (cette maladie n'a même aucune appellation
médicale) — elle ne peut pas prendre du poids et ne pèse que 29 kg. Trois
personnes dans le monde souffrent de cette maladie, et les médecins ignorent
comme la soigner.
A sa naissance
Lizzie ne pesait que 900 grammes. Les médecins ont averti les parents qu'elle
ne pourrait jamais marcher ni parler, et leur ont même préconisé de ne plus
faire d'enfants, car le prochain risquait également d'être handicapé. Mais les
Velasquez ont pris le risque et ont mis au monde une autre fille, en parfaite
santé, et ont tout fait pour éduquer et prendre soin de l'aînée, ce qui ne
s'est pas déroulé sans encombres.
"Tout le monde nous dévisageait et nous
montrait du doigt. Mais nous y sommes habituées avec le temps", se
souvient Marina Velasquez, la sœur cadette de Lizzie.
Les enfants, à
l'école, se moquaient de Lizzie — le prétexte était évident: la fillette était
non seulement extrêmement maigre, mais ne voyait pas non plus d'un œil.
A l'âge de 17
ans, quelqu'un a publié sur YouTube une vidéo de Velasquez en utilisant pour la
première fois l'étiquette de "plus laide du monde". Cette vidéo a été
visionnée plus par 4 millions d'internautes. L'un des commentaires sous la
vidéo s'adressait à Lizzie: "Fais
une faveur au monde — tire-toi une balle". Un autre l'a qualifiée de
monstre et un troisième a suggéré à ses parents de "tuer ça" affirmant que sa mère aurait dû avorter…
Velasquez a
décidé de ne pas se suicider, de ne pas se cacher de tout le monde, comme on
lui recommandait sur internet, mais de se protéger, elle et d'autres personnes
persécutées pour leur apparence sortant de l'ordinaire. Elle a lancé une
campagne contre la persécution des gens qui ne ressemblaient pas aux autres.
Elle a publié des vidéos et des conférences. En 2013, Lizzie a prononcé un
discours au festival féminin TED Austin Women au Texas: elle s'est révélé être
une bonne oratrice avec une voix agréable et ayant le sens de l'humour et
d'autodérision. "Je pourrais faire
la publicité de produits minceurs", plaisante sinistrement Lizzie. La
vidéo de son intervention a été visionnée 9 millions de fois sur YouTube.
Dans ses
discours, la jeune femme explique qu'elle a tout fait pour apprendre à voir son
syndrome comme une clé de perfectionnement personnel, et non comme une
malédiction. Lizzie arrive même à trouver des points positifs dans son
physique. "Certes, je suis horrible,
mais mes cheveux sont très jolis", dit-elle.
En septembre
2014, Velasquez est intervenue au congrès américain. Elle aidait à promouvoir
un bill pour protéger les écoliers américains des persécutions d'autres
camarades de classe dans les établissements scolaires américains. Ce projet de
loi était rédigé par le parti républicain, mais le discours sur son importance
a été prononcé à Washington devant les sénateurs par Lizzie.
Velasquez a été
soutenue par un grand nombre de personnes à travers le monde pas seulement en
paroles, mais aussi en actes. En décidant de tourner un documentaire sur sa
vie, elle en a parlé sur un site de financement participatif. Une somme assez
conséquente était nécessaire: 180 000 dollars. Les dons ont permis de récolter
presque 215 000 dollars. 3 564 personnes de 16 pays ont donné à Lizzie pour le
tournage de son film.
Lizzie aujourd'hui
Elle a réalisé
son rêve, elle a été admise et diplômée de l'université du Texas. Elle a écrit
trois livres de psychologie pour ceux qui cherchent en eux la force de faire
face aux traitements cruels de leur entourage. De nombreuses personnes ont
assisté à la première de son film au Texas, dont ceux qui étaient à l'école
avec Lizzie. Le film pourrait également être diffusé dans d'autres pays, mais
aucune date n'a encore été annoncée.
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