L'échange intervenu lundi entre Nicolas Sarkozy et Tom Cruise crée des remous du fait des convictions scientologues de l'acteur.
La rencontre intervenue lundi 30 août entre Nicolas Sarkozy et Tom Cruise suscite une polémique au sein de la classe politique. Les réactions recueillies se focalisent sur les convictions religieuses de l'acteur américain, considérées en France comme sectaires.
Petit rappel des faits. Lundi 30 août, les deux hommes se sont rencontrés à Bercy pour s'entretenir des relations franco-américaines ainsi que d'autres sujets "variés". La star de la pellicule, en tournée de promotion en France pour son dernier film, avait émis le souhait de rencontrer le ministre de l'Economie et des Finances, requête à laquelle Nicolas Sarkozy a accédé.
Jeudi 2 septembre, le député Jean-Pierre Brard (app-PCF) a qualifié jeudi de "faute" cette rencontre, Tom Cruise étant membre de l'église de Scientologie, ajoutant qu'il ne la "comprend pas".
"Figure symbolique"
Jean-Pierre Brard, membre du conseil d'orientation de la mission interministérielle de lutte contre les sectes, a déclaré : "je ne comprends pas qu'un ministre de la République reçoive un représentant ostensible de la Scientologie". Cet acteur est "une figure symbolique" de cette "église" considérée comme une secte en France, "l'une des plus dangereuses connues actuellement", a-t-il insisté.
"La scientologie ou ses représentants ont fait l'objet de condamnations en France", a rappelé Jean-Pierre Brard, et "même si le ministre dit que les questions de la Scientologie n'ont pas été évoquées, c'est quand même une faute de l'avoir reçu".
Les dirigeants des sectes en général et "de la scientologie en particulier sont en recherche de reconnaissance sociale affichable", a-t-il ajouté, "se faire photographier avec Sarkozy fait partie de cette démarche".
Un grand acteur
"Par analogie, on pourrait se demander si le ministre recevrait un membre d'un réseau international de trafic de drogue ou de proxénétisme en disant "on n'a pas parlé de drogue ou de prostitution"", a conclu Jean-Pierre Brard.
De son côté, le ministre délégué à l'Industrie Patrick Devedjian a réagi jeudi en estimant que le locataire de Bercy avait simplement reçu "un grand acteur de cinéma".
"Nicolas Sarkozy a reçu un grand acteur de cinéma", a déclaré Patrick Devedjian sur RTL. "Il ne s'est pas préoccupé de ses croyances ou de sa vie privée".
"Tous les gens qu'on rencontre, vous croyez qu'il faut leur demander ce qu'il pense et les interroger sur leurs convictions ?", s'est encore interrogé le ministre délégué à l'Industrie.
Sarkozy en cinéphile
Nicolas Sarkozy a lui-même fini par répliquer jeudi qu'il s'agissait d'un "événement qui n'a pas lieu d'être".
"Tom Cruise avait souhaité me voir, c'était un entretien extrêmement agréable et ceux qui se poseraient des questions, je les renvoie à mon bilan au ministère de l'Intérieur. Ils auraient mieux fait à l'époque de me soutenir plutôt que de me critiquer aujourd'hui", a déclaré Nicolas Sarkozy à Nice à l'issue d'une rencontre à huis clos avec des militants de l'UMP.
"Tom Cruise est un grand acteur. Moi qui suis un cinéphile, j'éprouve beaucoup de sympathie et de considération pour lui. Il a voulu me voir pour me parler. C'était très sympathique et comme l'on est pratiquement de la même génération, on avait des choses à se dire", a poursuivi Nicolas Sarkozy. Tom Cruise ne fait pas mystère aux USA d'être ce qu'il est, cela voudrait donc dire qu'on n'a plus le droit d'aller au cinéma pour voir des acteurs", a commenté Nicolas Sarkozy.
Complément d’informations :
Jean-Pierre Brard, né le 7 février 1948 à Flers (Orne), est un homme politique français, membre du Parti communiste français (PCF) jusqu'en 1996 puis de la Convention pour une alternative progressiste, député de la septième circonscription de la Seine-Saint-Denis depuis 1988 et ancien maire de Montreuil (1984-2008).
Source
Le Nouvel Observateur, 8 septembre 2004
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