dimanche 15 mai 2011

Sœur Marie Simon-Pierre, la miraculée du Cambrésis

Soeur Marie Simon-Pierre devant une photographie de Jean-Paul II


Plus de deux millions de fidèles devraient assister à compter d'aujourd'hui, à Rome, aux célébrations qui aboutiront, dimanche, à la béatification de Jean-Paul II. Et ce grâce à un « miracle » ayant bouleversé la vie d'une religieuse Rumillionne, membre de la congrégation des Petites sœurs des maternités catholiques. C'est en effet à l'intercession du défunt pape polonais qu'une armée d'experts du Vatican a attribué la « guérison inexpliquée  » de sœur Marie Simon-Pierre, atteinte de la maladie de Parkinson...

« Un grand mystère ». Sœur Marie Simon-Pierre, 50 ans, a toujours du mal à mettre des mots sur le miracle qui l'a semble-t-il extirpée des abysses de la maladie. « Pourquoi moi ? Cela reste un grand mystère. Il y a sans doute des gens, des enfants, plus malades autour de moi. Je ne peux pas vous répondre », confiait-elle ainsi en janvier dernier, lors de l'unique interview qu'elle aura accordée, à l'archevêché d'Aix-en-Provence, devant une nuée de caméras et de micros de journalistes du monde entier.

C'est à 12 ans qu'est née la vocation de Marie-Pierre Normand, aînée d'une pieuse et discrète famille de cinq enfants implantée à Rumilly-en-Cambrésis. Elle se rendait chaque année à Lourdes comme brancardière pour les malades, et c'est « en 1982, au cours d'une nuit d'adoration du jeudi au Vendredi Saint » qu'elle a eu la révélation. Au terme de ses études, accomplies au lycée La Sagesse de Cambrai, elle entre dans les ordres et prononce ses vœux pour devenir sœur Marie Simon-Pierre à 21 ans. Elle intègre la congrégation des Petites sœurs des Maternités catholiques, où elle est infirmière, « au service de la vie et de la famille ».

Elle se lève d'un bond...

En 2001, on lui diagnostique une forme de la maladie de Parkinson. Quatre ans plus tard, c'est « épuisée » que sœur Marie Simon-Pierre poursuit pourtant sa mission, à la maternité de Puyricard, dans les Bouches-du-Rhône. La douleur est de plus en plus palpable.

Ses membres ne cessent de se raidir. Elle ne parvient plus à écrire... Le 2 avril décède le pape Jean Paul II, lui aussi atteint de la maladie de Parkinson, dont elle se sentait « proche depuis toujours ». Elle dit avoir eu « l'impression de perdre un ami ». L'état de santé de la religieuse Cambrésienne s'aggrave encore. À tel point que les sœurs entament alors une neuvaine de prières à Jean Paul II, pour demander la guérison de sœur Marie Simon-Pierre. Mais rien n'y fait... Jusqu'à cette nuit du 2 au 3 juin 2005. Alors qu'elle était sur le point de renoncer, sœur Marie Simon-Pierre ressent soudainement l'envie d'écrire. Et y parvient. La nuit parachève le miracle : réveillée à 4 h 30, celle qui ne se déplaçait pratiquement plus se lève d'un bond. « Ce matin-là, au cours de l'eucharistie, j'ai eu la certitude d'être guérie. C'est vraiment difficile à expliquer », s'excuse-t-elle. Et pas que pour elle. Son neurologue est lui-même ébahi : « Il m'a demandé si j'avais doublé ma dose de dopamine. Je lui ai dit : "Non, j'ai tout arrêté !" ».

Selon le père Luc-Marie Lalanne, qui a mené pendant un an l'enquête diocésaine avant de soumettre son rapport à la Congrégation pour la cause des saints au Vatican, sœur Marie Simon-Pierre « a subi les examens les plus scrupuleux pour que sa guérison, inexpliquée en l'état actuel des connaissances médicales, soit reconnue comme miraculeuse ». Et c'est donc Jean Paul II, à qui sœur Marie Simon-Pierre avait serré la main à Rome en 1984 en grimpant sur une chaise, qui en arrive à jouer un rôle essentiel... « Miracle ou pas, croyant ou non, cette guérison est en tout cas synonyme d'espoir », commente Michel Liénard, maire d'un village de Rumilly-en-Cambrésis qui « entre dans l'histoire ».

Celle que l'Église décrit comme « l'anti-star par excellence » sera donc à Rome ce week-end. Vedette malgré elle d'une béatification à laquelle assisteront également ses parents.


Source

La Voix du Nord, Hubert FÉRET, 29 avril 2011
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