Au
début de l'année 1849, une incroyable histoire a fait son
apparition dans la presse française. Adolphine Benoît, une
jeune fille âgée de 14 ans et vivant à Guillonville (commune du
département d'Eure-et-Loire), possédait l'étonnante faculté
d'attirer et de repousser les objets autour d'elle.
La
jeune adolescente travaillait en tant que domestique pour des
meuniers, la famille Dolléans. Le docteur Larcher, basé à
Sancheville, a étudié ce cas avec une attention particulière. Il
raconte :
«
Elle serait douée d’une force d’attraction extraordinaire. La
première fois qu’on reconnut ses effets, la petite paysanne était
en train de bercer un enfant de ses maîtres ; tout à coup les
portes d’une armoire fermée à clé s’ouvrent toutes seules, et
le linge qu’elle contient est jeté à travers la chambre, comme
lancé par une main invisible. »
Le
corps de l'adolescente avait la capacité d'attirer toutes sortes
d'objets. Un jour, un collier de cheval est venu se jucher sur ses
épaules. Une autre fois, c'est un sac vide qui l'a recouverte
subitement. Parfois, des bouts de chandelles ou encore les boucles
d'oreille de sa maîtresse atterrissaient mystérieusement dans ses
poches.
Madame
Dolléans ne sachant que faire face à cet étonnant pouvoir
magnétique demanda à sa jeune protégée de « réciter les
sept psaumes de la pénitence ». Elle s'exécuta et
s'agenouilla pieusement. A peine avait-elle commencé à prier qu'un
cadenas, qui avait disparu dans la nuit, réapparu et se colla à son
dos.
La
domestique finit par être envoyée à l'hospise de Patay pendant
cinq jour. De retour chez ses patrons, les phénomènes surnaturels
reprirent de plus belle. Des planches, appuyées sur leur seul
tranchant tenaient en équilibre comme par magie !
Des
sceptiques, convaincus qu'il ne s'agissait que d'un coup monté,
demandèrent à la sœur de Mme Dolléans de surveiller Adolphine
nuit et jour pendant deux jours. Malgré cette constante
surveillance, aucune supercherie ne fut relevée. Aucun scientifique
ou observateur ne contesta la véracité de ce phénomène.
Pour
le clergé, il n'y a aucun doute : Adolphine était possédée
par le Diable. Le curé de Cormainville, envoyé par l'évêché, s'y
employa « en suivant en tout point ce qui est dans le
rituel ». Ce fut un succès comme l'homme d’Église l'a
affirmé au journal L'Abeille, « le jour même,
l’obsession disparut ». L'abbé Lecanu évoqua cette affaire
dans son ouvrage intitulé « L'histoire de Satan »
(publié en 1861) comme preuve de l'action diabolique.
Louis
Figuier, un scientifique, avait étudié un cas similaire, celui de
la petite Cottin en 1846. Il estimait qu'elle était prise d'un «
état électrique qui existe naturellement chez certains poissons
et qui peut se montrer passagèrement chez l’homme à l’état
pathologique ».
Le
docteur Roger, agrégé de la faculté de médecine de Paris, se
montrait bien plus sceptique que ses confrères.
La
commission Argo, qui participa à l'enquête sur Cottin, avait conclu
que les mouvements brusques des objets s'expliquaient simplement par
« des manœuvres habiles et cachées des pieds et des mains
».
Le
Chartain Morin, qui fut notamment sous-préfet de Nogent-le-Rotrou,
jugea que la domestique était parvenue à duper son entourage
crédule. En effet, à cette époque, on racontait que le Démon
habitait les jeunes filles en proie à la puberté.
Suite
à cette histoire, Adolphine fut renvoyée chez ses parents, et on
n'en entendit plus jamais parler.
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