Toutes les religions du monde ont-elles une origine commune ? C’est l’une des grandes questions que l’on peut se poser. En effet, aux quatre coins de la planète, on retrouve des versions très similaires des récits bibliques. Comment des peuples qui n’auraient jamais pu se rencontrer, en des temps reculés, ont pu raconter et rapporter exactement les mêmes histoires ? Le peuple Andaman vivait sur l’île du même nom et située entre l’Inde et la Birmanie. Il n’était pas réputé voyageur. Et pourtant, lorsque l’on regarde leur mythologie, on constate, avec stupéfaction, des ressemblances incroyables avec la Bible des chrétiens. Ainsi leur Dieu, Puluga, à l’image du Dieu abrahamique, envoya un énorme déluge sur Terre afin de punir les peuples de leurs désobéissances. De même, après cet évènement, il n’intervint plus dans la vie des hommes. On retrouve également chez ce peuple, un récit proche de celui du Prométhée de la mythologie grec, qui déroba le feu aux dieux. De nombreux points communs unissent les religions du monde entier. Ils sont si nombreux qu’il paraît raisonnablement impossible de ne penser qu’à des coïncidences. Mais, plus encore, ces peuples n’ont vraisemblablement jamais pu se rencontrer. Or, sachant cela, il est légitime de penser que les plus grands récits des plus grandes religions ont une origine commune. Les différences ne seraient apparues que plus tard après que des peuples aux cultures et aux mœurs bien distincts les eurent interprétés à leur manière. Cela nous amène à une question : existe-il une religion universelle primordiale qui aurait été oublié depuis ?
Je vous propose, par ce présent article, de découvrir l’une des légendes fondatrices du peuple Andaman.
Après que le Dieu Puluga ait créé le monde, il créa le premier homme et l'appela Tomo. Il était de couleur noire, comme ses descendants contemporains, mais était beaucoup plus grand et barbu. Puluga montra à Tomo comment utiliser le feu et surtout comment faire cuire des porcs qui, à cette époque, étaient très faciles à attraper puisqu’ils ne possédaient ni oreilles, ni nez. Plus tard Puluga engendra également une femme dont le nom était Chan Elewadi. Le couple originel eut, à son tour, deux filles et deux fils. Lorsque les porcs étaient devenus assez abondants pour être une nuisance, la femme la plus intelligente leur ajouta des trous sur leurs museaux et leurs têtes, leur permettant ainsi d'entendre et de voir, d’éviter le danger et de se procurer des vivres pour eux-mêmes. Puluga recouvra ensuite la terre entière de jungle dans laquelle les porcs nouvellement équipés pouvaient aisément se cacher, devenant ainsi beaucoup plus difficiles à attraper. Puluga venait régulièrement à la rescousse de la population en montrant à Tomo comment chasser à l'aide d'un arc et des flèches ainsi que la façon de construire des canots et à pêcher. Il montra à Chan Elewadi comment tresser des paniers, fabriquer des filets de pêche et d’utiliser de l'ocre et de l'argile blanche. Il fixa également un certain nombre de règles et de réglementations comme l'interdiction de travailler bruyamment la nuit pendant la saison humide. Puluga donna au peuple sa langue, A-Pucikwar. En ces jours Puluga vivait sur la montagne Sandle Peak et cette proximité lui permettait de visiter et d’instruire régulièrement son peuple. Les canots en ces temps anciens n’étaient, selon la légende, pas équipés de stabilisateurs et étaient fabriqués avec des troncs évidés de l'arbre pandanus.
Les ruisseaux, si caractéristiques du Grand Andaman, furent également créés à ce moment-là : Tomo avait harponné un gros poisson, qui dans ses efforts frénétiques pour s'échapper de la terre, frappa à plusieurs reprises avec son museau et provoqua des crevasses, qui se transformèrent en criques bien utiles pour ce peuple. Selon la légende, Tomo vécu jusqu'à un âge si avancé qu’il vit ses descendants augmenter en nombre à un degré tel que la patrie d'origine ne pouvait plus les accueillir tous. Puluga intervint de nouveau en équipant les hommes d’armes, et d’outils. Tomo et sa femme périrent noyés et furent transformés respectivement en une baleine et un petit crabe.
Le successeur de Tomo fut son petit-fils, Kolwot, qui s'est distingué en étant le premier à attraper une tortue. Après la mort de celui-ci, les gens sont devenus de plus en plus négligents, en ne respectant plus les commandements qui leur avaient été donnés lors de la création. Puluga cessa, petit à petit, de leur rendre visite et ensuite, sans autre avertissement et sans doute pour les punir, leur envoya une terrible inondation dévastatrice. Seules quatre personnes survécurent à cette crue : deux hommes Loralola et Poilola, ainsi que deux femmes, Kalola et Rimalola. Quand ils revirent la terre ferme, ils découvrirent qu'ils avaient perdu la maîtrise du feu et que l’ensemble des êtres vivants avaient péri. Puluga recréa les animaux et les plantes, mais ne semble pas leur avoir donné d'autres instructions. À ce moment critique, un de leurs amis noyés antédiluvien réapparu sous la forme d'un martin-pêcheur. Il remarqua leur détresse et s'envola vers le ciel où il trouva assis à côté Puluga, le feu. Il prit une bûche afin d’essayer de voler le feu et de l’emporter sur la terre. Le martin-pêcheur abandonna sa bûche après que Puluga lui lança une bûche de feu. Il rata sa cible et la bûche tomba près du camp des quatre survivants du déluge qui voyaient par la même occasion une grande partie de leurs problèmes résolus. La légende rajoute que depuis cette époque jusqu'à nos jours, les tribus Andamanes n'ont plus jamais vécu sans feu, grâce aux précautions qu'ils employaient pour se prémunir contre son extinction. Les survivants n'ont plus reçu d’aide, comme leurs descendants, et durent développer les compétences de la vie quotidienne en s’inspirant de leurs parents. Les pigments qui leur servaient de peinture sur corps auraient été redécouverts par hasard par des femmes parties à la recherche de racines comestibles.
Après s’être habitué à cette situation difficile, les survivants commencèrent à entretenir des pensées de vengeance contre leur dieu Puluga qui avait tué tous leurs amis. Lors de leur rencontre avec Puluga, le peuple pensa sérieusement à le tuer. Mais le Dieu lui-même leur parla et leur fit clairement comprendre qu’ils ne pouvaient pas le tuer avec leurs flèches, et que si, par malheur, ils essayaient de le tuer, il pourrait tous les tuer. Il leur expliqua également que leur peuple avait subi le déluge à cause de leurs désobéissances. Ainsi l'obéissance et la soumission furent restaurées. On dit que c'est la dernière fois que Puluga s'est rendu visible, il rompit toute communication avec son peuple. Les Andamans se rappelaient de l’avertissement de Puluga et vécurent dans le strict respect de son commandement.
Quand, pour la deuxième fois de leur existence, leur nombre a augmenté à un tel point qu'il leur est devenu impossible de rester ensemble dans un seul endroit, un nouvel exode a eu lieu. Chaque partie prit le feu et les instruments nécessaires avec eux et s'installa aux quatre coins de la planète et adoptèrent leur propre langue distincte. Ils reçurent chacun un nom tribal.
Ce récit, si passionnant soit-il, devrait amener de nombreuses interrogations de la part des anthropologues et autres scientifiques. Chacun aura reconnu, sans aucune gymnastique intellectuelle, des éléments qu’ils connaissaient déjà. Les histoires rapportées par ce peuple ne pourraient-elles pas constituer la preuve ultime de l’existence d’un passé commun, un passé où ce serait Dieu qui serait à l’origine de toutes choses sur Terre ? Les scientifiques, depuis le 19ème siècle, se sont obstinés à poursuivre leurs recherches, presqu’exclusivement, sur l’évolution darwinienne, ne serait-il pas venu le temps d’essayer d’autres pistes toutes aussi sérieuses ?
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Source
The Andamanese, Myths and Legends, George Weber
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