dimanche 25 novembre 2012

Hong Xiuquan, le frère autoproclamé de Jésus



De tout temps et en tout lieu, de grands Hommes ont mené des révolutions soulevant des peuples entiers. Parfois ces entreprises triomphèrent marquant profondément l’histoire de l’humanité, d’autres fois elles échouèrent sans que nul ne puisse éviter le bain de sang. Hong Xiuquan fut l’un d’entre eux. Le récit de cet énigmatique personnage mêle, à la fois, mysticisme religieux et révolution nationale.

Il naquit en 1812 de parents pauvres résidant près du port de Canton, au Sud de la Chine. Pour réussir socialement et professionnellement dans la vie, il lui fallait réussir, à n’importe quel prix, les examens extrêmement difficiles de la fonction publique. Ses parents placèrent énormément d’espoirs en lui. Malgré tout, le jeune homme échoua à quatre reprises. A la suite de son ultime échec, il sombra dans une grave dépression sur le chemin du retour au village. Totalement exténué, il eut des visions mystiques qui bouleverseront à jamais son existence et celle de son pays …

Ses visions

Il vit un homme portant une longue barbe dorée et vêtu d’une robe noire de dragon et d’un chapeau à hauts rebords. Ce dernier, qui lui affirma être son père, se plaignait que les peuples de la Terre avaient été malheureusement égarés par les démons. Pour conjurer ce mauvais sort, l’apparition lui fournit une épée et un sceau doré et lui apprit à combattre et à chasser les démons. C’est ce que Hong fit dans ses vision en compagnie d’un autre homme se tenant sur un âne et affirmant être son frère aîné. Ensuite, le malade fut emmené au ciel où son père céleste lui enseigna la morale et le chargea, pour mission sacrée, de nettoyer le monde des ennemis du divin.

Suite à cet évènement plus que troublant, il retourna dans son village. Après s’être remis de sa convalescence, il devint maître d’école. C’est seulement 6 ans plus tard qu’il comprit le sens exact de ses visions. En effet, un jour il tomba sur un traité de morale écrit par un missionnaire chrétien, Liang Afa, et intitulé « Bonnes Paroles pour exhorter l’époque ». Il réalisa immédiatement que « l’homme barbu » était le Dieu des chrétiens et que son « frère aîné » n’était autre que Jésus Christ ! Le but ultime de son existence devint clair : il devait instaurer le « Royaume Céleste de la Grande Paix » (Taiping Tian Guo, en chinois).

La Révolte des Taiping

A cette époque, toutes les conditions étaient réunies pour que sa mission réussisse : la dynastie Qing alors au pouvoir était très impopulaire. Beaucoup de personnes avaient de graves dettes et mourraient de faim. Devant ce contexte difficile, Hong réussit à rassembler une armée de plus de 500 000 fidèles. En 1851, commença la révolte des Taiping. Au départ tout allait pour le mieux pour ses utopistes : ils prirent la ville de Yongan, puis celle de Nankin en 1853. En 1856, un évènement allait donner un coup de pouce au mouvement : la seconde guerre de l’Opium venait de commencer. Leur expansion continuait inexorablement. Seulement des tensions émergèrent et les premières défaites militaires survinrent lorsqu’ils tentèrent de prendre Pékin. Mais ce qui allait donner le coup de glas au « frère de Jésus », ce fut l’intervention armé de l’Empire Britannique qui craignait pour ses concessions commerciales. D’un revers de main, ils balayèrent la révolte et assiégèrent Nankin où étaient regroupé les têtes pensantes du mouvement et son chef, Hong. Ce dernier mourut le 1er juin 1864 d’une intoxication alimentaire.

Cette chute brutale renvoya Hong dans l’anonymat. Cette entreprise utopiste partait pourtant sur de bons sentiments. Ainsi, il avait interdit la consommation d’alcool, de tabac, la prostitution. Mais cette apparente charité chrétienne ne dura point. En effet, dès lors que des opposants au chef se firent dangereusement entendre, il n’hésita pas à les faire assassiner. Le mouvement perdit ainsi toutes crédibilités et disparu aussi soudainement qu’il était apparu.

Conclusion
Même si aujourd’hui l’histoire de Hong Xiuquan est oubliée, son empreinte est encore présente dans la Chine contemporaine. La révolte qu’il mena ébranla définitivement la dynastie Qing. Cette dernière finit par s’écrouler à son tour, en 1912, balayée par un communisme qui se disait inspiré par Hong …

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