Chicago a longtemps été une ville pionnière en matière de législation progressiste sur les droits civiques. Pourtant, il fut aussi un temps où cette même ville a connu une loi pour le moins controversée, discriminatoire et inhumaine : la "Ugly Law" ou "loi sur la laideur".
Adoptée en 1881, cette ordonnance municipale interdisait aux personnes "difformes et abominablement laides" de se montrer en public, de mendier ou d'exhiber leurs "déformités dégoûtantes" sous peine d'amende ou d'emprisonnement. Une législation qui visait ouvertement les personnes handicapées, les estropiés de guerre ou tout individu présentant un aspect physique jugé repoussant par les élites de l'époque.
À la fin du 19ème siècle, les idées hygiénistes et esthétiques font leur chemin dans les grandes villes américaines en pleine expansion industrielle. Pour les classes aisées, la présence dans les rues de mendiants handicapés ou défigurés est perçue comme une nuisance à éradiquer au nom de l'ordre public et de la décence.
Chicago, alors en pleine reconstruction après le grand incendie de 1871, ne fait pas exception. Les autorités municipales cèdent aux pressions des milieux d'affaires et votent cette ignoble "Ugly Law" qui restera en vigueur pendant près de 50 ans, jusqu'en 1974.
De nombreux témoignages font état d'interpellations musclées et d'incarcérations arbitraires de personnes simplement pour leur apparence physique pendant cette longue période. Un épisode révoltant de discrimination institutionnalisée qui aura longtemps terni l'image progressiste de la ville.
Aujourd'hui, Chicago a tourné cette page et s'emploie à promouvoir l'inclusion de tous sans distinction. Mais l'histoire de cette aberrante "Ugly Law" doit rester comme un rappel des dérives auxquelles peut mener l'intolérance et les préjugés lorsqu'ils sont inscrits dans la législation d'un pays se voulant des terres d'accueil et d'opportunités pour tous.
StarryAI, CC0, https://starryai.com/
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