Hélène Smith, de son vrai nom Catherine Muller (1861–1929), est une figure fascinante de l’histoire de la médiumnité et du spiritisme. Connue pour ses récits de vies antérieures spectaculaires et ses explorations visionnaires d’un monde extraterrestre, elle a captivé l’Europe de la fin du XIXe siècle. Entre prétentions à être la réincarnation de personnages illustres et prétendue communication avec les habitants de Mars, son parcours mêle mysticisme, créativité et fascination pour l’invisible.
Une femme aux multiples vies passées
Née à Martigny, en Suisse, Catherine Muller grandit dans une famille modeste et manifeste très tôt des talents considérés comme paranormaux. Sous le pseudonyme d’Hélène Smith, elle devient célèbre pour ses expériences médiumniques. Elle affirme notamment être la réincarnation de Marie-Antoinette, la célèbre reine de France décapitée lors de la Révolution. Par ses visions et récits, elle plonge dans des scènes détaillées de la cour royale, qu’elle dépeint comme si elle y avait réellement vécu.
Mais son imagination ne s’arrête pas là. Hélène prétend également avoir été, dans d'autres vies, la fille d’un cheikh arabe et l’épouse d’un prince hindou. Ces récits, empreints d’exotisme et de romantisme, captivent ses contemporains et renforcent son aura de mystère.
Une médium et voyageuse martienne
Ce qui distingue Hélène Smith des autres médiums de son époque, c’est son prétendu lien avec Mars. Lors de ses transes, elle affirme entrer en contact avec des êtres martiens. Elle va plus loin en déclarant comprendre et parler leur langue, qu’elle retranscrit sous forme de textes et de discours. Hélène invente ainsi un langage complexe qu’elle attribue aux Martiens, un mélange de sons gutturaux et de structures grammaticales inédites.
Elle ne se contente pas de parler de Mars : elle le dessine. Dans ses visions, elle décrit et illustre une planète habitée par des êtres humanoïdes vivant dans des maisons étranges, entourés de plantes, de ponts et de lacs. Ses dessins montrent également des bateaux naviguant sur des cours d’eau martiens. Ces illustrations, bien qu'imaginaires, révèlent une créativité débordante et une capacité à construire un univers cohérent et fascinant.
L’intérêt des scientifiques et des sceptiques
Les expériences d’Hélène attirent l’attention des chercheurs en psychologie et en spiritisme. Théodore Flournoy, un psychologue suisse, étudie particulièrement son cas. Dans son livre Des Indes à la planète Mars, publié en 1900, il analyse ses récits et conclut que ses visions sont probablement issues de son inconscient, influencées par ses lectures et son imagination fertile.
Pour Flournoy, le langage martien d’Hélène serait un glossolalie, un phénomène où une personne parle un langage inventé, souvent dans un état de transe ou sous l’influence d’émotions intenses. Il perçoit également ses récits comme des manifestations psychologiques plutôt que des preuves de contacts surnaturels.
Un symbole de créativité et de mysticisme
Hélène Smith reste une figure emblématique de la médiumnité et du spiritisme. Qu’on la considère comme une mystique connectée à d’autres mondes ou comme une artiste de l’imaginaire, son histoire illustre le besoin humain de donner un sens à l’inconnu.
Son cas continue d’intéresser les chercheurs en psychologie, en linguistique et en histoire de la culture. Les récits martiens et les dessins d’Hélène, bien que démentis scientifiquement, témoignent de la capacité de l’esprit humain à inventer des mondes fantastiques et à transcender la réalité.
En somme, Hélène Smith incarne à la fois la quête de l’ailleurs et le pouvoir de l’imaginaire, laissant derrière elle une œuvre intrigante et énigmatique.
Velvet, CC BY-SA 3.0, https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9l%C3%A8ne_Smith#/media/Fichier:LaM_elise_muller.JPG
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